Décidément, que ne feraient pas les GAFA (Google, Amazon, Facebook et autre Apple) pour les internautes ? Non contents d’être de plus en plus omniprésents dans nos vies, voici qu’ils nous promettent fidélité jusque dans l’au-delà…
Il y a quelques jours, Facebook annonçait offrir à chacun de ses membres la possibilité de disposer d’une sorte de « légataire » universel. Sous réserve que vous l’ayez désigné au préalable, ce légataire aurait / aura le droit d’administrer votre compte, en votre nom, après votre mort.
Ne souriez pas : après vérification, cette annonce est on ne peut plus sérieuse. Alors que le premier réseau mondial se bornait jusqu’ici à créer une page commémorative, lorsqu’il était informé du décès d’un de ses membres (cette page ne pouvant être gérée par une tierce personne), cette « impardonnable lacune » est désormais comblée.
Peu regardant sur les questions d’éthique et sur le devenir de ces morbides avatars numériques, Facebook a pensé à tout. Non seulement le « légataire » aura la possibilité de publier des messages et des photos en votre nom… mais il pourra aussi répondre aux nouvelles demandes « d’amitié » !
Ouf, je vous sens soulagés. Dans la check-list du parfait petit défunt, voilà déjà un souci de réglé. Que ceux qui tremblaient à l’idée de voir leur score Klout s’effondrer post mortem soient donc rassurés : les réseaux sociaux pensent à votre postérité, à commencer par votre immortalité numérique.
Humanistes et désintéressés jusqu’au dernier like, les responsables de Facebook confirment : « Après avoir parlé avec des gens qui ont vécu la perte d’un proche, nous avons réalisé que nous pouvions en faire davantage pour les personnes endeuillées et pour ceux qui veulent garder le contrôle sur leur compte après la mort ». (sic)
… Et oui, vivre éternellement est enfin possible, même par procuration et par administrateur interposé. Il suffisait qu’un géant de la Silicon Valley, armé de bonnes intentions, l’ose. A ce propos, n’est-ce pas Michel Audiard qui disait : « Les c_ _ _ , ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît » ? Pure médisance sans doute, car je suis sûr que ce Michel-là n’a même pas sa page Facebook ;-)
Sources :
– Facebook,
– Stratégies n°1802, 19/02/2015
Crédit photos : Facebook, TheBrandNewsBlog, X, DR
Merci pour ce papier passionnant, et édifiant … A mon sens responsabilité partagée … de facebook bien sûr, mais également de ceux pour qui l’existence numérique est si centrale que la mort numérique est impossible à imaginer. Il n’y a alors qu’un pas aussitôt franchi : confier à un proche la gestion de son compte « post mortem » ! Cela m’évoque les travaux menés en marketing sur le lien entre la recherche d’immortalité symbolique et certains comportements de consommation et de transmission…
Tout à fait d’accord : j’ai volontairement éludé le sujet, dans ma charge contre Facebook, mais je sais que ce type de démarche fait en effet écho à un certain nombre de recherches et de publications très sérieuses sur l’immortalité numérique en effet. Il y a de facto une demande de certains socionautes à ce sujet, et de légitimes interrogations des scientifiques et philosophes sur la meilleure manière d’y répondre… Un sujet passionnant en tout cas, assurément. Car ce n’est ni le début ni la fin du débat, avec l’activisme des GAFA et des transhumanistes sur le sujet…