Les plateformes sont formidables : le coup de baguette magique de LinkedIn

Vendredi matin, sans crier gare, le petit chiffre qui apparaissait dans le bouton de partage de LinkedIn, juste à côté ou sous les articles de la plupart de vos sites favoris, ce petit chiffre a subitement disparu.

Après avoir d’abord cru à un « bug » d’affichage du BrandNewsBlog ou bien à un dysfonctionnement de WordPress, je suis allé jeter un coup d’oeil sur les blogs de quelques amis. Et là, saperlipopette, ce petit chiffre, que les différentes plateformes appellent le « compteur » de leur bouton de partage, s’était également évanoui pendant la nuit…

« Disparou » ! « Vo-la-ti-li-jé », comme aurait pu le dire avec un brin de malice le désopilant magicien Garcimore¹

Stupéfait par ce tour de haute volée et l’esprit encore ensommeillé aux aurores, je me fendis alors d’un tweet – un tweet que vous pouvez lire ci-dessous – à l’attention des équipes de @Linkedin et de @LinkedinFrance…

…Puis d’un second tweet de relance entre midi et quatorze heures…

…Puis d’un troisième tweet 12 heures après, partagé par quelques influenceurs, ce qui eut manifestement la vertu d’alerter un des community managers du célèbre réseau professionnel…

Celui-ci m’invita à lui écrire un message privé (ce que je fis), puis à lui donner mon e-mail (ce que je fis également), le tout sans aucune suite car il s’agissait manifestement d’une « réponse d’attente ». Le type de réponse standard prévue dans de tels cas par les procédures… Et personne ne me recontacta dans la foulée ni depuis.

Il fallait bien se rendre à l’évidence : à l’heure où blanchit la campagne ce vendredi matin et sans en prévenir personne, LinkedIn avait tout simplement décidé de supprimer son compteur de partages, après Twitter en 2015 et plus récemment Google+. A moins bien sûr qu’on ne me prouve le contraire…

Le compteur de partages, késako ? Et que change sa disparition ?

C’est à ce moment de mon billet que la façon dont j’ai vécu ce micro-évènement – et mon avis sur la question – sont susceptibles de différer de l’opinion de quelques confrères et/ou consœurs…

Là où certains affirment en effet aujourd’hui que ce type de compteurs de partages ne servirait plus à rien sur les sites d’actualité ou sur les blogs (beaucoup ont d’ailleurs opté pour un bouton de partage sans compteur), j’ai pour ma part la faiblesse de penser qu’ils étaient bien utiles, et voici 4 raisons pour lesquelles j’apprécie modérément le comportement de LinkedIn, à ce sujet :

  1. Je les utilisais, moi, ces compteurs, pour me rendre compte de l’impact de mes articles sur les réseaux sociaux. Et depuis que Twitter a décidé de supprimer en 2015 l’API qui permettait d’alimenter son compteur, pour des raisons techniques sujettes à caution, je n’ai plus qu’une idée très parcellaire de l’engagement réel des Twittos par rapport à mes publications… A peine puis-je identifier dans mes notifications les tweets qui mentionnent mes articles et les interactions directes sur mon tweet de lancement, ce qui représente par expérience et au mieux un quart et à un dixième des interactions et partages totaux générés par mes billets de blog…
  2. Voir disparaître, en une fraction de seconde, plus de 150 000 preuves de VOS PARTAGES sur mes articles (à raison de 250 à 400 partages LinkedIn par article en moyenne, certains billets récents ayant recueilli plus de 2 000 partages LinkedIn à eux seuls), après avoir vu disparaître en 2015 au moins autant de preuves de partages générées en 3 ans par mes articles sur Twitter, représente tout de même un crève-cœur… Cela me donne confusément l’impression de devoir repartir de zéro. Comme si tout ce travail et les liens tissés avec mes lecteurs venaient en partie de disparaître sous mes yeux. Pour des sites ou des blogs qui recueillaient peu d’interactions ou beaucoup moins que le mien, je reconnais que l’impact de cette suppression de compteur peut évidemment sembler moindre, voire anecdotique. Mais je me suis toujours enorgueilli pour ma part de recueillir un fort taux d’engagement de mes lecteurs : une confiance patiemment bâtie et confirmée billet de blog après billet de blog, 5 années durant, et dont je vous remercie tous ! :)
  3. La décision unilatérale de LinkedIn, non anticipée et n’ayant fait l’objet d’aucune communication à ce jour, de même que le manque de réactivité à me répondre et l’indifférence aux remarques des utilisateurs ou des éditeurs et blogueurs – moult fois relevés par d’autres que moi – illustrent bien le faible intérêt porté par ces grandes plateformes américaines (Twitter, LinkedIn, Google…) aux doléances de leurs utilisateurs et à celles des créateurs de contenus en particulier. De ce point de vue, les trois plateformes précitées feraient bien de prendre enfin note de ce type de billets et de commentaires et de s’ouvrir davantage aux éventuelles critiques de ceux qui en ont fait l’audience, même si la publicité et le commerce des données des utilisateurs restent leur fond de commerce et leur raison d’être ultime, nous le savons bien.
  4. Là où le nombre de vues d’une vidéo sur YouTube et le nombre d’interactions sur un Tweet constituent des « juges de paix » universellement reconnus, je ne vois pas bien pourquoi ces autres contenus que sont des billets de blog ou des articles ne pourraient pas être également appréciés à l’aune des interactions qu’ils suscitent ? De ce point de vue, les compteurs ont/avaient selon moi un réel « effet d’entraînement » dans la subtile mécanique de la viralité et dans la propagation d’un contenu sur les réseaux sociaux… Que ceux qui n’ont jamais fait attention au nombre de « J’aime » et de « RT » sous un tweet avant de le partager eux mêmes me disent le contraire : je ne les croirais pas ! ;-) Et il en va de même pour tous les contenus et quelle que soit la plateforme sur laquelle ils sont partagés, en définitive.

5 jours après : toujours pas de nouvelle de LinkedIn… ;-(

L’avantage d’écrire mes billets de blog en deux temps, c’est de pouvoir se laisser du temps, justement… 5 jours tout rond après mon premier tweet adressé aux équipes de LinkedIn et LinkedIn France, je vous le donne en mille : je n’ai reçu aucune réponse officielle à mes questions.

Par un biais détourné, j’ai tout de même obtenu un message de la part d’un commercial français de la firme de Mountain view (qui se reconnaîtra et que je remercie, du coup). Celui-ci affirme avoir également posé sans succès la question en interne… et pense « que la feature doit avoir disparue lors de la dernière update du module. Parfois des features disparaissent puis reviennent… cela sera peut-être le cas pour celle-ci ».

Mais alors pourquoi ne pas m’avoir fait cette réponse par un canal plus officiel ? J’avoue que je ne suis guère convaincu… et serai très surpris que le compteur fasse sa réapparition (mais après tout on ne sait jamais : si tel était le cas je vous tiendrais au courant…;)

Ce que toute cette affaire dénote au final… et le « ras la plateforme » d’un créateur de contenu !

Au-delà de ma déception de voir disparaître, plateforme après plateforme, l’une des seules fonctionnalités intéressantes offertes aux créateurs de contenus, cet énième exemple démontre bien la toute-puissance des réseaux sociaux et le manque d’égards de ces grands géants du numérique vis-à-vis de leurs utilisateurs « lambda ».

Ainsi que cela m’a été confirmé par de nombreux internautes, sans relation commerciale ni contact au sein du premier réseau professionnel mondial, aucune chance en effet d’obtenir rapidement la moindre réponse, et ce quelle que soit la question. Et les soucis de réputation ne semblent pas davantage effleurer LinkedIn après la publication d’un tel article, largement relayé sur les réseaux au demeurant.

J’ajouterai que les blogueurs et autres « influenceurs » ne sont hélas pas mieux lotis et considérés que les autres, à part sur YouTube où des accords et contrats d’exclusivité ont finalement été négociés par la plateforme avec quelques YouTubers stars, pour bénéficier de l’exclusivité de leurs vidéos (les blogueurs français Norman, Cyprien et une poignée d’autres auraient bénéficié d’un tel accord contre une rétribution financière significative).

Hormis ce cas plus qu’isolé, point de traitement de faveur pour ceux qui publient régulièrement leur contenus sur nos réseaux favoris ou en assurent l’animation, contribuant à leur succès. Sauf erreur et aux dernières nouvelles, nul accord d’exclusivité ni partenariat signé par exemple par Twitter avec Emmanuel Leneuf, la créatrice du FlashTweet, malgré tous ses efforts et la large communauté qu’elle a réussi à rassembler autour de son média en ligne. Il ne s’agit certes ni d’une YouTubeuse connue ni d’une blogueuse beauté, mais là où d’autres entreprises lui auraient sans doute déjà élevé une statue, la journaliste a du se forger son audience à la force du poignet et poursuit son activité dans une indifférence (a priori bienveillante) de la part du réseau au petit oiseau bleu…

Je n’épiloguerai pas davantage sur l’attitude des plateformes, dont je resterai malgré tout, par la force des choses et pour les services qu’elles nous rendent, un utilisateur inconditionnel… Mais que d’occasions manquées de nouer d’autres relations que purement commerciales avec leurs utilisateurs et toutes celles et ceux qui en font tant la promotion et contribuent à leur succès ! Et je ne peux à titre personnel que m’estimer chanceux d’avoir réussi à obtenir l’interview d’un responsable de Twitter (grâce à Société Générale et à Caroline Guillaumin, pour cet article en l’occurrence), car il est de notoriété publique que leurs dirigeants ne répondent que très rarement aux interviews et aux sollicitations, ce qu’on ne peut là aussi que regretter…

 

Notes et légendes :

(1) Garcimore, de son vrai nom José Garcia Moreno, était un célèbre illusionniste et humoriste franco-espagnol dont le nom parlera évidemment davantage à la génération X qu’aux « Y » et aux « Z » ! Complice de la présentatrice Denise Fabre et de Pierre Douglas dans l’émission Restez donc avec nous le samedi à la fin des années 1970 puis au début des années 1980 sur TF1, il fut le plus célèbre des magiciens de la télévision française avec ses célèbres formules : « Décontrasté » et « Y m’énerve ». Il émerveilla aussi des milliers d’enfants dans l’émission Les Visiteurs du mercredi avec ses petites souris et autres tours désopilants.

Crédit photos et illustrations : 123RF, TheBrandNewsBlog, X, DR. 

Comments

  1. Article qui démontre également parfaitement le niveau catastrophique de réactivité et de la gestion de la relation client de LinkedIn…

    • Bonjour Julien : en même temps, en tant que particulier et blogueur, je ne suis pas client de LinkedIn. Mais cela ne donne pas vraiment une bonne image de la plateforme, ni de leur manière de traiter les bugs (si c’en est un) ou d’annoncer une modification de leur service. Il reste encore bcp de progrès à faire pour viser l’expérience utilisateurs (au sens large) parfaite !

  2. Je voulais répondre par un long commentaire…
    mais cela ne vaut pas la peine de perdre du temp ici.
    En dehors de l’aspect affligeant de se plaindre sur twitter de la disparition d’une fonctionnalité relative voir complétement inutile, je vous donne une astuce de PRO : La prochaine fois que vous voulez contacter Linkedin… en fait, il faut aller sur linkedin, c’est « fou » non ? https://www.linkedin.com/help/linkedin/ask
    Mais je comprends, il est très difficile à trouver, il est dans le footer. C’est vrai que le footer pour un lien contact c’est pas très user-freindly: « Il reste encore bcp de progrès à faire pour viser l’expérience utilisateurs »

    Si vous désirez contacter Twitter, il faut aller sur Twitter.
    Et attention… Roulement de tambour… si vous désirez contacter facebook, premier réflexe, je vais sur …..
    .
    .
    .
    .
    .
    .
    facebook. (même Garcimore ne s’y attendez pas.)

    Vous avez versé une sacré larme à la fin de Google Reader ? Et idem, vous avez du envoyer du tweet en masse pour annoncer que c’était un scandale de supprimer Google Reader et patati et patata.

    Les experts du web… Un monde affligeant… Sur ce, je retourne faire du vrai webmarketing et gagner des vrais €€€€ sans essayer de flatter mon EGO avec des articles qui cherche le tweet. Salut.

    • Bonjour « Garcimore », bien que j’ai pour principe de ne pas répondre aux « courageux » commentaires écrits sous pseudo, je comprends d’après le ton de votre message que vous travaillez pour LinkedIn (sinon je ne vois pas bien l’objet d’une réponse aussi virulente), mais je me permettrai de vous faire simplement observer ceci : 1 – Pour le professionnel que vous soulignez être, je pense que le contenu et le ton de votre message n’ont pas grand chose de professionnel et il appartient aux clients et aux utilisateurs de vous contacter par le canal qui leur convient/qui leur plaît, ne vous en déplaise (sinon fermez immédiatement votre compte Twitter : c’est un conseil « d’expert du web » ;-) ; 2) Si j’ai d’abord écrit des tweets puis un article à ce sujet, c’est parce que je pense vraiment que la fonctionnalité est importante et non pour une question d’ego. Votre commentaire certes ironique est d’ailleurs truffé de jugements de valeur qui vous appartiennent mais qui ne sont pas nécessairement partagés par les utilisateurs… sans quoi mon article n’aurait sans doute pas été partagé aussi largement sur Twitter… et plus de 160 fois sur LinkedIn ! ;) ; 3 – Si vous pensez que 6 jours est un délai correct pour condescendre à répondre à des dizaines d’internautes dont des clients (à noter qu’il n’y a eu sauf erreur aucune communication officielle à ce sujet sur votre site : ce sont des blog ou site spécialisé qui ont fini par avoir l’info), libre à vous mais chacun appréciera en effet la « performance » en terme de communication… ; 4 – Les nombreux témoignages soulignent qu’hors des sujets purement commerciaux, point de salut ni de réponse à attendre de la plateforme (et encore…) : si gagner des euros est plus que louable et que je suis par ailleurs un fervent admirateur de LinkedIn dont je saluais d’ailleurs une des initiatives sur ce blog pas plus tard que la semaine passée, encore faut-il avoir un minimum de souci des utilisateurs quand ils ont des questions ou remarques, c’est mieux : cela contribue évidemment à « l’expérience utilisateurs » à laquelle vous faites allusion… Et PS : je ne me considère aucunement comme un « expert du web » mais dans le contexte de ce blog simplement comme un créateur de contenu. Cordialement, Hervé

  3. jean Thibaud says:

    Au delà du process très curieux, la décision elle-même est curieuse: alors que l’efficacité communicationnelles des RS est challengée en permanence, qu’ils sont accusés de cacher la copie, voire de bidonner les chiffres, voilà qui ne va pas aider à lever les doutes …

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