Les idées reçues sur la communication… enfin débunkées !

C’est un petit livre fort utile, dont je ne peux que recommander la lecture à toutes celles et ceux qui s’intéressent à la communication, et plus particulièrement à celles et ceux qui s’en font souvent les détracteurs…

Depuis toujours, la communication et les communicants ont fait l’objet de nombreuses critiques et de soupçons. On les accuse encore régulièrement, dans les médias et dans l’arène politique notamment, de superficialité et/ou de chercher à manipuler l’opinion, quand l’intégrité et l’expertise des professionnels de la com’ ne sont pas carrément moquées et remises en question, offrant ainsi à la vindicte populaire un bouc émissaire facile.

Dans les entreprises et les organisations, malgré tous les efforts des communicants et des associations qui les représentent, les stéréotypes et idées reçues continent hélas de circuler bon train, comme l’avait déjà pointé le communicant Thierry Wellhoff dans son ouvrage ‘Le procès de la communication’ ¹.

C’est à ce serpent de mer que Frédéric Fougerat* a voulu à son tour s’attaquer, en publiant récemment C’est de la com ! 60 idées reçues’ ², dont l’ambition est à la fois de recenser les stéréotypes et clichés les plus répandus sur nos métiers… et de leur tordre le cou une bonne fois pour toute.

Dans son ouvrage, percutant et synthétique, il passe ainsi en revue la plupart de ces stéréotypes, par grande thématique, depuis « la communication c’est facile », « tout le monde peut en faire » jusqu’aux clichés touchant l’intelligence artificielle, en passant par « La communication, ça ne génère pas de business », tout en y répondant avec intelligence et humour.

Dans l’interview de ce jour, que Frédéric a bien voulu m’accorder, nous revenons donc sur ces grandes idées reçues de la com’, leurs origines et les meilleures réponses à y apporter. En résumé, on sulfate et on « débunke » joyeusement, non sans inviter les professionnels à cette prise de conscience : c’est à eux-mêmes qu’il revient en premier lieu de faire la pédagogie de leur métier, dans leurs organisations et auprès de leurs proches, et de se transformer en ambassadeurs-militants, pour en finir définitivement avec les stéréotypes !

Le BrandNewsBlog : Bonjour Frédéric, après vos précédents ouvrages « Un dircom n’est pas un démocrate », « La Com est métier », « Le Dico de la Com » et « Anthologie de la Com »³ notamment, vous vous attaquez cette fois aux (nombreuses) idées reçues sur la communication. Pourquoi ce sujet vous tenait-il à cœur ?

Frédéric Fougerat : C’est un coup de gueule qui est à l’origine de ce neuvième livre. Je pensais avoir dit tout ce que je pouvais vouloir dire pour valoriser, promouvoir, défendre la communication. Et je n’imaginais plus entreprendre un nouvel ouvrage. Mais un jour, devant un JT, en entendant un journaliste anéantir sans le moindre argument, un projet par un « C’EST DE LA COM ! », je me suis dit, d’une part c’est très paresseux, car il n’y avait aucun argument derrière le propos, mais uniquement une formule qui discréditait par principe une idée ou une proposition. D’autre part, qu’avec cette formule facile et paresseuse, c’était à chaque fois l’ensemble des métiers de la communication qui était disqualifié. Comme si, ceux qui savent nous trouver quand ils en ont besoin, pouvaient se permettre de nous mépriser le temps d’un effet médiatique. J’ai alors décidé de lister les pires clichés qui existaient sur la communication.

Le BrandNewsBlog : Vous avez identifié dans ce livre pas moins de 60 clichés et idées reçues sur la communication… Et je pense que vous auriez pu aller jusqu’à 80 ou 100 sans difficulté, tant nous sommes habitués à voir la communication décriée, à tout le moins incomprise. Pourquoi les métiers de la communication et l’expertise des communicants sont-ils si souvent mis en cause, bien plus souvent que l’expertise des financiers, juristes et autres DRH dont personne ne conteste le savoir-faire ?

Frédéric Fougerat : Au départ, la couverture du livre annonçait 50 idées reçues. Mais j’ai vite été dépassé. Nous nous sommes arrêtés avec mon éditeur Bréal Studyrama, pour valider la couverture du livre, à 60. Mais au final, il y en a dix de plus en bonus, auxquelles il faut rajouter 13 sous-entendus. En réalité, c’est sans fin…

Maintenant, pourquoi la communication est-elle victime de cette situation que ne rencontrent pas, ou plus rarement, les autres fonctions dans l’entreprise ? Peut-être parce que c’est une des plus récentes et des moins connues. Cela peut aller ensemble. Certainement aussi parce que la communication est très éloignée des formations et des préoccupations premières des dirigeants, sans oublier que nos métiers évoluent en permanence et à grande vitesse. Donc il faut suivre. Enfin, beaucoup ne voient la Com que par le prisme de l’outil, ce qui se voit à la fin. Et ils en oublient tout le travail de réflexion, de stratégie, de construction, d’illustration, de production, de promotion… tout en confondant, aussi, avoir un avis et avoir des compétences. Comme si ces dernières tombaient du ciel quand on les convoque.

Le BrandNewsBlog : Vous avez confié les préfaces de votre ouvrage à trois experts de la communication publique et politique (Prisca Thévenot, Gaspard Gantzer et Franck Louvrier), qui chacun propose son explication au désamour du grand public pour les communicants. Si tant est qu’on puisse comparer leur métier (la communication politique) aux autres disciplines de la communication, diriez-vous comme Franck Louvrier que « la reconnaissance de notre profession doit passer par la démonstration permanente de son utilité » ? Et comment transformer cette injonction en opportunité ?

Frédéric Fougerat : C’était une dinguerie d’avoir trois signatures majeures de la communication politique et publique pour trois préfaces. Une première pour mon éditeur.

Il y a à ce sujet la vérité et la post-rationalisation. La vérité, c’est que j’ai imprudemment sollicité en même temps les trois, en espérant qu’un d’eux accepterait de signer la préface. Mais les trois ont répondu immédiatement oui… La post-rationalisation, c’est que cela permet de rester neutre, grâce à trois nuances de positionnement politique, qui ne marquent pas l’ouvrage d’une tendance. Ce livre, comme les précédents est évidemment professionnel et n’a pas d’orientation politicienne. Ce n’est en rien l’objet. Cela permet aussi de montrer que loin de se limiter à la communication politique ou publique, c’est l’image première que peut avoir le public de nos métiers. Ce qui est évidemment très réducteur.

Quant à l’injonction de Franck Louvrier « La reconnaissance de notre métier doit passer par la démonstration permanente de son utilité », c’est hélas une triste réalité pour beaucoup de communicants. Devoir justifier de nos compétences après avoir été recrutés. Normalement c’est l’inverse !

Le BrandNewsBlog : Sans « spoiler » les 60 idées reçues que vous traitez dans votre ouvrage, je vous propose d’aborder celles qui reviennent le plus souvent dans la bouche des détracteurs de la communication. Il y a d’abord cette idée que la com’ serait « facile », que tout le monde ou presque peut en faire ou donner son avis… En somme que ce ne serait pas un véritable métier. Je sais qu’on touche là à un de vos mantras : la Com est (évidemment) un véritable métier… Que conseillez-vous aux communicants de répondre sur ce point ?

Frédéric Fougerat : Malheureusement, je n’ai pas trouvé la formule magique qui permettrait de mettre fin à tout jamais à cette situation…

J’invite donc les communicants à faire preuve le plus possible d’autorité professionnelle dans leur travail et dans leur posture. Je ne parle pas d’autoritarisme, mais bien d’autorité. Je leur conseille aussi de veiller à ne pas se piéger eux-mêmes. Celui ou celle qui passerait son temps à demander l’avis à tout le monde sur son travail, ne doit pas s’étonner ensuite qu’on lui donne.

Qu’est-ce qui dépend de votre autorité ? Qu’est-ce qui dépend de l’autorité de votre hiérarchie ? Il faut veiller à respecter soi-même sa position avant de demander aux autres de le faire. Je ne dis pas que c’est facile. Mais je suis certain que c’est le seul moyen de tenir sa place. Et bien veiller à toujours positionner la Com comme une fonction stratégique qui produit de l’intelligence, et non comme un service support qui fabrique des outils.

Enfin, l’idéal pour une équipe Com, et le meilleur service que puisse rendre un dirigeant à son équipe Com, c’est évidemment de la respecter et de la faire respecter par les autres fonctions de l’entreprise, comme ne pas laisser la Com être un sujet défouloir en fin de comité de direction.

Le BrandNewsBlog : Deuxième famille de clichés, souvent associée à la première : la com’ serait un métier « gadget, plutôt fun et amusant et qui ne réclame pas forcément beaucoup de travail ». Un métier où l’on passe son temps à déguster « champagne et petits fours », entre deux brainstormings créatifs… En quoi cette vision éculée de la com’ est-elle particulièrement pernicieuse et réductrice ? Et là encore, que répondre aux détracteurs de la com’ ?  

Frédéric Fougerat : Un des moyens de lutter contre cette vision de la Com gadget, est de savoir faire la Com de la Com. Trop souvent, nous oublions de faire notre propre promo, en consacrant toute notre énergie à nos missions. C’est une erreur.

J’ai toujours dit à mes équipes qu’il fallait savoir équilibrer entre le travail de plomberie (essentiel, technique, mais qui ne se voit pas) et le travail visible (pas toujours essentiel, mais marquant). Dans le cas contraire, on donne le sentiment de ne pas bosser.

Par ailleurs, il faut aussi utiliser et partager les indicateurs, de plus en plus nombreux à notre disposition, qui permettent de valoriser notre travail : le ton positif des retombées presse, plus important que le nombre d’articles, l’évolution du taux de notoriété de la marque, plus important que de savoir si on aime ou pas une couleur plutôt qu’une autre, l’engagement sur les réseaux sociaux, plus important que le seul nombre d’abonnés… La liste est interminable. Plus c’est technique, moins c’est appréciable (dans le sens critiquable). Plus nous pouvons valoriser notre expertise, plus elle sera reconnue.

Le BrandNewsBlog : Troisième grande idée reçue : quand on fait de la com’, il faudrait nécessairement faire « joli ». Et toute production de communication, qu’on parle d’un visuel, d’une campagne ou d’une affiche, devrait impérativement être esthétique, voire « classe » ou « sexy »… En quoi ce type d’injonctions et de qualificatifs est-il à la fois déplacé et « hors-sujet » pour les communicant.e.s ? Et comment le faire comprendre (intelligemment) à des clients internes de son organisation ?

Frédéric Fougerat : La réponse est simple. Encore faut-il parvenir à la faire comprendre. On ne communique pas pour faire plaisir ni pour se faire plaisir. Et les notions de joli, sexy, fun, ou autres sont totalement subjectives. On communique pour répondre à une intention et servir un objectif, dans le cadre d’une stratégie.

Donc face à un « j’aime pas », on peut par exemple engager un dialogue pour demander en quoi le travail jugé ne répond-il pas à l’intention initiale (qu’il faut rappeler) ? En quoi ne sert-il pas l’objectif et la stratégie ? C’est un des moyens de réaliser que la réaction est affective et personnelle, et qu’elle n’a pas lieu d’être pour une réalisation professionnelle, qui n’est pas faite pour nous toucher, mais pour toucher la cible à laquelle elle est destinée.

Le BrandNewsBlog : Quatrième type de cliché répandu, vous évoquez cette idée reçue selon laquelle la communication se résumerait à la production à flux tendus d’outils de communication et de contenus (le « petit » communiqué de presse, la « petite » brochure, le « petit » post Linkedin…). En quoi cette instrumentalisation et ces terminologies péjoratives, si ancrées dans nos quotidiens, sont-elles révélatrices et très réductrices du rôle des communicants ?

Frédéric Fougerat : Ici encore, il y a plusieurs façons d’imaginer ce qu’il y a derrière cette sémantique. Le qualificatif « petit » peut autant signifier une incompréhension de la réalité du travail demandé pour produire un petit logo, une petite affiche, une petite vidéo… que trahir l’idée que notre travail n’aurait pas de valeur et qu’il ne demande pas grand effort.

Certains communicants affichent dans leurs bureaux des punchlines du type : « Il n’y a rien de petit en communication ». Cette forme d’avertissement a ses vertus.

À cela, il est bon de rappeler à nos interlocuteurs internes dans une organisation, que la Com n’est pas un guichet libre-service où chacun vient commander et retirer ses outils ou supports de Com. Le rôle de la communication est de s’approprier un sujet, un besoin, pour réfléchir à comment (éventuellement) le traduire en action de communication.

Il appartient in-fine à la Com de déterminer les meilleurs canaux de communication, en fonction de nombreux de critères. Certainement pas en fonction d’un « J’ai besoin d’un petit visuel », «  d’un petit communiqué de presse », « d’une petite vidéo »…

Le BrandNewsBlog : Cinquième lieu commun, qui recoupe également plusieurs clichés et idées reçues que vous évoquez dans votre ouvrage, la notion de « talent inné » (oratoire ou écrit) qui serait suffisant pour bien communiquer, sans qu’il y ait besoin de travailler. Vous évoquez notamment, en communication de crise, ces dirigeants qui pensent que l’essentiel est de bien parler, d’être charismatique, voire « de savoir improviser »… En quoi ce type de préjugés est-il si nocif et contre-productif ?

Frédéric Fougerat : Le dirigeant qui aime prendre la parole en public, ou qui simplement est à l’aise dans l’exercice, peut représenter un danger, voire être l’ennemi de sa propre communication de crise.

La capacité de s’exprimer, n’est pas nécessairement une capacité de communiquer. En communication, notamment de crise, il faut construire une stratégie, construire un discours où chaque mot peut avoir son importance. Il faut contrôler sa parole et ne laisser place à aucune spontanéité.

Le porte-parole en situation de crise, dirigeant, expert, communicant peut donner le sentiment de parler avec son cœur, notamment pour faire preuve d’empathie face à des victimes. En réalité, il parle avant tout avec son cerveau. L’émotion pourra prendre une grande place dans un discours… mais savoir gérer ses émotions est une compétence clé en Com de crise, qui doit rester une communication maîtrisée, au grand risque de venir alimenter la crise.

Le BrandNewsBlog : Sixième famille de clichés répandus, vous luttez contre cette idée que les communications dites d’expertise (la communication financière par exemple, ou bien la communication de recrutement et la fameuse « marque employeur », la communication RH et interne…) devraient être rattachées aux directions support correspondantes : la direction financière pour la com’, la DRH pour la com’ interne, de recrutement ou la marque employeur… En quoi est-ce pour vous une erreur ? Vous soulignez notamment, au sujet de la marque employeur, qu’il n’existe en réalité qu’une seule marque, celle de l’entreprise…

Frédéric Fougerat : Effectivement, la cohérence est une des forces de la communication. La communication doit donc être portée par une vision et une seule. Si les fonctions communication sont éclatées entre différents services, c’est mort pour la cohérence. J’ai même vu des communications se contredire ou se cannibaliser, faute de coordination et surtout de vision unique.

Quant aux velléités de certains à vouloir piloter une partie de la communication, souvent pour avoir leur communication, c’est avant tout une faute de gouvernance et de management. On ne laissera pas chaque service mener sa stratégie financière ou RH en autonomie. Pourquoi faire une exception avec la communication ? Sauf à croire que tout le monde peut faire de la Com ! Parce que les compétences tomberaient du ciel ? Non. C’est FAUX !

Le BrandNewsBlog : Septième type de clichés répandu, là encore assez transversal aux différentes disciplines de la communication, vous évoquez le fait qu’une tactique jusqu’au boutiste de « bruit » / de buzz (en communication politique notamment), ou bien de surproduction de contenus et de saturation des canaux (la multiplication des communiqués de presse par exemple) ne peut tenir lieu de stratégie soutenable et durable. Pourquoi cela ? C’est un enseignement que les dirigeants politiques et d’entreprise ont souvent du mal à entendre me semble-t-il ?

Frédéric Fougerat : Avec cette question, on entre dans certaines nuances qui existent entre communication politique ou publique, avec le reste du monde de la communication. Je schématise, mais cela y ressemble.

Le temps n’est pas le même en communication politique et en communication publique par rapport au reste de la Com. En communication politique, le temps est celui de l’immédiateté médiatique et des réseaux sociaux. Celui de la communication publique est souvent le temps du mandat et des élections. Cela pousse à être dans l’effet d’annonce plus que dans l’annonce des faits. Ce qu’un ministre met en place, c’est un de ses successeurs qui l’inaugurera. Donc la tentation est grande de chercher le bénéfice immédiat en matière de communication. Les fonctions politiques et publiques existent aussi de plus en plus par la lumière et le bruit médiatique. Il faut exister coûte que coûte. Le reste de la communication, dans son immense diversité utilise quand même d’autres leviers, même si personne n’est à l’abris de certains excès.

Le BrandNewsBlog : Huitième type de cliché, la confusion commune entre impératif de transparence et intérêt de l’entreprise. Vous soulignez notamment le fait qu’en communication de crise, il peut être légitime et justifié de se taire… ou bien de ne pas être systématiquement transparent. De même, vous conseillez aux dirigeants de préférer le silence au bruit et à la communication s’ils n’ont rien à dire. Pourriez-vous expliquer en quoi cela est important, et la différence entre impératif de transparence et communication dans l’intérêt de l’entreprise ?

Frédéric Fougerat : Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui, plus que jamais, en communication, et notamment en communication de crise, il ne faut jamais mentir. Mais, on n’est pas obligé non plus de tout dire. Il ne s’agit pas ici de jouer sur les mots, mais de rappeler que notre rôle est de choisir ce qu’on souhaite mettre en lumière, et que rien nous oblige de tout mettre en avant.

Quant à la stratégie (possible) du silence. Elle est rarement recommandée. Il n’est pas pour autant raisonnable de l’écarter par principe. Toute situation est singulière. Toute communication de crise doit s’étudier au cas par cas, en fonction d’un contexte, de parties prenantes, du bruit médiatique existant ou possible… Donc se dire qu’il est impératif de communiquer, au risque d’alimenter la crise, serait une erreur. Évidemment, l’option de se taire doit être une stratégie et non une démission, une décision qui comme toute stratégie peut évoluer pour accompagner la crise dans ses propres évolutions.

Le BrandNewsBlog : On le voit au travers de votre ouvrage Frédéric, et vous n’êtes pas le seul communicant à nous prévenir à ce sujet, en communication, il convient de se défier de la politique des « coups ». Et le fameux « coup de com’ » dites-vous, ne devrait jamais tenir lieu de stratégie à une organisation… Pour autant, un communicant ou un dirigeant doivent-ils systématiquement s’interdire de réaliser un « coup de com‘ », s’il en a l’opportunité ? Et comme le bon et le mauvais chasseur, faut-il considérer qu’il y a des bons coups et d’autres moins ?

Frédéric Fougerat : Pour être précis, je ne condamne certainement pas les coups de Com. Il y en a même d’excellents. Et c’est délicieux quand c’est le cas. Le talent du communicant est aussi, ou notamment, de savoir saisir ou rebondir sur des opportunités qui peuvent amener à des coups. Encore faut-il le faire… avec talent ! Il y a trop de coups de Com médiocres qui disparaissent à la même vitesse que l’effet produit. C’est ce que j’appelle la Com faciale facile. On croit avoir fait un bon coup, alors qu’on a fait de la merde…

Je pense surtout que le coup de Com ne peut être qu’un épiphénomène. Le DirCom doit privilégier une communication puissante, responsable, et à impact durable. Pour moi, l’IMPACT est le nouveau POURQUOI du communicant. C’est bien à l’impact créé qu’il faut apprécier la qualité du travail du communicant, et non à des coups éphémères.

Le BrandNewsBlog : Au travers des nombreuses idées reçues que vous traitez dans l’ouvrage, on s’aperçoit que la communication et les communicants sont souvent ravalés au rang de boucs émissaires par les médias et par les politiques. Pour beaucoup, et vous n’évoquez pas cette autre idée reçue dans votre ouvrage, cela est souvent lié au fait que la communication est perçue comme systématiquement mensongère et/ou manipulatoire. Que répondez-vous à cette critique Frédéric ? Cette accusation de manipulation, n’est-elle pas en partie liées à la confusion entre communication politique (souvent polémique) et communication d’entreprise ?

Frédéric Fougerat : Vous noterez que lorsque la communication d’un homme ou d’une femme politique est excellente, la personne affirmera ne pas avoir de communicants à ses côtés. Qui peut y croire ? À l’inverse, après un mauvais débat, un couac, un mauvais discours… c’est toujours un communicant qui sera pointé du doigt. L’animal politique fuyant ses responsabilités. Ses erreurs sont celles de collaborateurs ou collaboratrices évidemment médiocres.

C’est aussi ce qui participe à nuire à l’image de la communication en général. Puisqu’on en parle essentiellement quand elle est mauvaise, et généralement liée au monde politique, donc supposée douteuse voire malhonnête. Que du négatif. Ici les politiques, comme les journalistes, que les raccourcis ne gênent pas, ont leur part de responsabilité. Ils participent à sacrifier toute une profession, par une pensée qu’ils résument en une formule : C’est de la Com !

Le BrandNewsBlog : Tout nouveau préjugé sur la communication, dont nous n’avons pas encore parlé Frédéric, il y aurait cette idée que l’expertise des communicant.e.s va prochainement être remplacée par l’IA, et que les métiers de la com’ pourraient bien disparaître complètement. Vous n’en croyez rien. Pourquoi ? Et si tant est qu’il y ait des expertises qui demeureront purement humaines, lesquelles seront-elles ?

Frédéric Fougerat : Je pense qu’il ne faut ni avoir peur de l’IA, ni se méprendre sur les bouleversements qui existent et qui vont se poursuivre. L’IA va évidemment, et c’est déjà le cas, transformer, bousculer, réformer nos métiers. Et aussi nous obliger, d’une certaine façon, à réinventer notre profession.

Mais n’était-ce pas déjà le cas, depuis 40 ans, avec l’arrivée de la PAO, de l’informatique, de la téléphonie mobile puis des smartphones, de l’information continue, d’internet, des réseaux sociaux…

Oui, et peut-être plus que d’autres nous devons et devrons nous adapter. Oui des métiers vont être fragilisés. Mais d’autres vont se renforcer ou apparaître. Oui, les valeurs vont changer quand une expertise va sembler être remplaçable par une application. Je reste néanmoins certain, que l’IA aura toujours besoin d’intelligence réelle pour performer. Celui ou celle qui saura être accompagné par l’IA dans ses missions, sera plus performant, plus complet, plus puissant, à la condition de disposer d’une très forte culture générale, parfois d’une véritable expertise, pour tirer le meilleur de l’IA. Ce qui n’empêchera jamais un novice de pouvoir, parfois, faire parfaitement illusion. Mais n’était-ce pas déjà le cas avant l’IA ?

Le BrandNewsBlog : En guise de conclusion de l’ouvrage, Frédéric, vous réaffirmez avec chaleur que la communication est un (vrai) métier, qui exige des compétences, du talent et de l’expérience et redites que la plupart des professionnels pratique son métier avec « responsabilité, éthique et élégance, avec intelligence, créativité et singularité ». Pour autant, vous exhortez vraiment les communicant.e.s à se faire davantage pédagogues de leurs métiers, et à faire la communication de la communication. En quoi cela est-il si important ?

Frédéric Fougerat : Oui, la communication est victime de beaucoup de clichés qu’il faut combattre. Mais nous ne pouvons pas trouver notre confort dans la plainte et la soumission. Il nous appartient donc d’être des militants de notre profession. Quand on a la chance de faire un métier passion, qui ouvre tant d’opportunités, qui mêle autant de compétences, qui offre de telles variétés de parcours, d’évolutions, de rencontres… il est aussi de notre responsabilité d’expliquer, valoriser, promouvoir ce métier.

Je ne dis pas qu’une direction de la communication doit se transformer en service de formation continue pour les autres directions de l’entreprise. Ce n’est pas sa mission, et elle ne remplirait plus sa mission.

Je souhaite uniquement recommander à chacun et chacune de pouvoir trouver son équilibre entre savoir dire non quand c’est nécessaire, ce qui donne aussi plus de valeur au oui, expliquer ses positions sans tomber dans la justification, être toujours plus exigeant avec soi-même, avec la langue, avec le sens… faire preuve de l’autorité nécessaire pour être respecté professionnellement, tout en restant à l’écoute et en observation du monde qui nous entoure et que nous servons. Avec un objectif principal : bien rappeler ou faire comprendre à nos équipes en premier, et à nos parties prenantes, que la communication est une fonction stratégique qui produit de l’intelligence, et non un service support qui fabrique des outils. Ce qui permettra, peut-être, de mieux comprendre, que « la nana de la Com » et « le mec des réseaux sociaux », ont un nom, des compétences et responsabilités professionnelles, et qu’ils méritent le même respect que les autres collaborateurs et collaboratrices de l’entreprise.

 

Légendes et commentaires :

* Frédéric Fougerat : Président de Tenkan Paris, agence conseil en communication de crise, image et réputation de personnalités sensibles, il accompagne depuis près de 40 ans des dirigeants d’exécutifs publics et privés et a notamment dirigé des campagnes électorales et la communication de collectivités publiques en France durant 15 ans et la communication de grands groupes internationaux pendant plus de 20 ans (SBF 120, LBO…). Membre des Boards de l’agence Cogiteurs, et du nouveau réseau social professionnel Hello Masters, il siège par ailleurs aux comités de mission de l’agence Sport Market et du groupe Dentsu, et à la commission communication de La ligue contre le cancer.
Auteur de 9 ouvrages sur la communication et le management, lu dans plus de 25 pays, Frédéric a été classé classé en 2021, n°1 du top 100 des décideurs de la communication les plus influents en France par le magazine Forbes.

(1) Découvrez ici mon article sur le livre de Thierry Wellhoff, Le procès de la communication

(2) « C’est de la com ! 60 idées reçues » par Frédéric Fougerat – Editions Bréal by Studyrama, 2025

(3) « Un dircom n’est pas un démocrate » aux Editions Bréal, 2020

« La Com est métier » aux Editions Bréal, 2021

« Le Dico de la Com » aux Editions Studyrama, 2021

« Anthologie de la Com » aux Editions Bréal by Studyrama, 2024

 

Les 10 « tartes à la crème » des gourous du digital et des médias sociaux

Pas facile de tordre le cou aux idées reçues. Surtout lorsqu’elles émanent d’experts reconnus (ou de gourous autoproclamés) et que, l’intérêt du public et la médiatisation aidant, certaines se sont imposées si rapidement qu’elles semblent aujourd’hui relever de l’évidence…

BOXES

Dans Les nouveaux défis du brand content, de Thomas Jamet, le spécialiste des nouveaux médias Vincent Balusseau ose une charge argumentée (et réjouissante) contre certaines de ces idées. Faisant sienne la citation de Larry Page « C’est un fait commun, nous surestimons l’impact que la technologie a sur le court terme, mais nous sous-estimons son importance sur le long terme », Vincent Balusseau s’inscrit dans une approche pragmatique du nouveau paradigme digital et dans une perspective marketing de « l’ici et du maintenant ». Il n’hésite pas, à ce titre, à remettre en question la doxa dominante et certaines affirmations péremptoires de grands gourous tels que Brian Solis, Marco Tinelli ou Jeff Dachis.

Son pragmatisme et son esprit critique m’ont inspiré l’idée de cette première liste des 10 idées « tartes à la crème » du digital et des médias sociaux. Je ne manquerai pas de l’amender et de la compléter, au besoin. Car si la plupart d’entre nous, marketeurs et communicants, sommes déjà passés du stade de la découverte et de l’appropriation à un « âge de raison » dans notre approche du digital et des médias sociaux, on sait que les clichés ont la peau dure !

1 – « Le marketing est mort »

Un an déjà que Bill Lee, illustre Président du Lee Consulting Groupe, a publié son fameux billet « Marketing is dead » sur le blog de la Harvard Business Review. D’après lui, les disciplines traditionnelles que sont les relations publiques, le branding ou la communication corporate étaient condamnées à disparaître à brève échéance. Coûteux, inadaptés aux nouveaux besoins, inefficaces à capter l’attention du consommateur, ces piliers du marketing avaient (ont) en outre le défaut de reposer sur des KPI non mesurables. A la place, Bill Lee nous promettait un nouveau paradigme « social » et vertueux, combinant community targeting, influence clients et customer empowermentQu’en est-il aujourd’hui ? Certes, il est encore tôt pour évaluer les impacts de la révolution digitale et la portée du nouveau paradigme. Mais on voit bien qu’il sera toujours question de marketing… Car les fondamentaux sur lesquels repose la mercatique restent pertinents quelles que soient les évolutions technologiques. Et les techniques évoquées par Bill Lee lui-même relèvent directement d’une démarche marketing.

2 – « La pub payante et les médias traditionnels sont dépassés »

Depuis l’émergence des médias sociaux, les experts et gourous distinguent communément 3 catégories de média. Le Paid, correspondant à l’achat média et tout ce qui ressort de l’exposition publicitaire payante, est opposé au Owned, qui comprend tous les supports et points de contacts appartenant à la marque et au Earned media (la masse d’information créée et partagée par tous ceux qui diffusent des contenus de marque). Aux deux derniers de ces médias, tous les avantages ou presque (relation affinitaire, maîtrise des messages et de l’image pour le Owned ; interaction, conversation et engagement pour le Earned). Le Paid media est voué aux gémonies car désormais considéré comme « cher », « intrusif », « peu efficace » ou trop « vieille économie »… Pourtant, comme le montrent bien Alexandre Jamet et les experts interviewés dans son ouvrage, c’est bien de l’intégration de ces médias (et non de leur opposition) que découlent la valeur et la performance des contenus.

 3 – Content is king : « les bons contenus se suffisent à eux-mêmes… »

… et trouvent naturellement une large audience sur les médias sociaux, grâce à leur qualité intrinsèque… Rien de moins vrai à ce jour, en définitive. Si le contenu est intéressant et de qualité, encore faut-il qu’il soit pertinent par rapport à la cible et en adéquation avec ses attentes, bien entendu. Sa présentation doit également être soigneusement étudiée, ainsi que le choix des médias de diffusion. Car il ne suffit pas d’un bon référencement naturel pour garantir le succès. La viralité exceptionnelle de campagnes de référence telles que A hunter shoots a bear 1 et 2 de Tippex ou des barres chocolatées ROM doit beaucoup, en plus de leur qualité créative indéniable, à des investissements pub importants en amont, en home-pages de sites tels que You tube pour la première ; en presse, TV et points de vente pour les secondes… Tout sauf le hasard, donc.

4 – « L’engagement du consommateur est désormais la panacée » 

… Et à ce titre, l’objectif devient de plus en plus de susciter un maximum de clics, likes, shares, RT, comments ou pins, ces nouvelles expressions du consommateur engagé et séduit, génératrices de Earned media. Au-delà de l’exposition passive à un message, il s’agit aujourd’hui d’emmener les consommateurs vers des dispositifs interactifs à même de leur procurer des « expériences gratifiantes », qu’elles soient divertissantes, informatives ou fonctionnelles… Car un engagement accru génère des effets positifs directement mesurables sur les ventes et garantit une relation plus pérenne et plus riche avec le client. Le hic de cette vision, c’est qu’on n’a encore rien trouvé de mieux, pour toucher une large audience, que les médias de masse à forte couverture et répétition. Et que les taux moyens d’engagement des fans vis-à-vis des marques sur Facebook, par exemple, exprimés en nombre d’interactions, demeurent relativement faibles. En ce domaine, il y a encore un monde entre les projections des marketeurs et les habitudes réelles de consommation média de leurs cibles. D’autant que toutes les marques n’ont pas vocation à générer un engagement puissant…

5 – « Toutes les marques ont vocation à être présentes sur les réseaux sociaux »

Comme le relèvent de plus en plus d’experts et de consultants, cet adage n’est pas forcément vrai. Si le digital permet effectivement de capitaliser, de manière particulièrement vertueuse, efficace et efficiente sur l’appêtit d’interactions et d’implications des individus via-à-vis de marques et de leur contenus… « ceci ne signifie pas que tout le monde a tout le temps envie d’interagir et de s’engager avec toutes les marques qui peuplent leur quotidien » rappelle Vincent Balusseau. Prenons par exemple toutes les marques alimentaires ou d’ustensiles ménagers que vous utilisez dans votre cuisine. Avec lesquelles aurez-vous envie, le soir venu, de nouer une « relation privilégiée » sur les réseaux sociaux… Assez peu en vérité. Toutes les marques (pas seulement en BtoB) n’ont pas le même potentiel d’implication et d’engagement, ni le même intérêt à être présentes sur les réseaux sociaux. Faute d’une stratégie, d’objectifs clairs et de ressources bien définies d’ailleurs, il est même recommandé aux entreprises de passer au moins provisoirement leur tour…

6 – « Surveiller sa réputation est aussi important que soigner ses clients »

Toutes les études le montrent, la perte de confiance des différents publics envers l’entreprise s’est accentuée ces dernières années. Pour répondre à ce « désamour », de nombreuses organisations ont choisi de travailler en priorité leur image, en cherchant notamment à afficher leur proximité avec le consommateur et leur responsabilité sociale. Ce faisant, elles ont peu à peu privilégié la dimension « réputationnelle » de leur communication, au détriment de la réponse aux attentes concrètes des parties prenantes. Et contrairement aux idées reçues, cet « éloignement » des marques vis-à-vis de leurs publics ne s’est pas forcément réduit avec l’émergence des médias sociaux, comme le confirme Thierry Libaert dans un excellent article (voir ici). Le « halo conversationnel », cette multitude de micro-interactions nouées entre la marque et ses fans followers / relations, généralement « acquis à la cause », ne correspond pas forcément au type de « relation » réclamé par la majorité des consommateurs… Pour restaurer la confiance, certaines entreprises seraient donc bien inspirées de revenir aux fondamentaux, en étant moins préoccupées de réputation que de l’écoute active de leurs clients.

7 – « Les digital natives font les meilleurs community managers »

La terminologie est née en 2001 sous la plume du professeur Marc Prensky. Les digital natives désignent toutes les personnes nées après l’introduction des technologies numériques, par opposition aux digital immigrantsnés avant l’apparition de celles-ci. Agés aujourd’hui de 12 à 25 ans et parfois assimilés à la génération Y (voir la « tarte à la crème » 10 ci-dessous), les digital natives auraient « de par leur naissance » tous les atouts pour faire de bons community managers… De fait, même si les statistiques confirment encore une propension des entreprises à recruter pour ce poste à la sortie des écoles, il est de plus en plus admis que des profils disposant au moins d’une première expérience, ou des salariés connaissant bien l’entreprise et formés aux médias sociaux, offrent une bonne alternative. La difficulté intrinsèque du métier de CM, en particulier la nécessité de maîtriser sur le bout des doigts l’activité et l’organisation de l’entreprise, sa culture, ses circuits de validation et autres « chausses-trappes », rendent en effet la tache objectivement plus ardue pour un débutant ou un junior que pour un candidat interne ou externe confirmé.                                                                             

8 – « Les data scientists sont l’avenir du directeur marketing »

S’il est une profession dont on a beaucoup parlé en 2013, parmi les nouveaux métiers du digital, c’est bien celle de data scientist. Née avec l’émergence du phénomène du big data, la fonction est promise à un bel avenir. Qui est-il et que fait-il ? Le data scientist est avant tout un expert en programmation informatique, disposant de solides compétences dans la manipulation de l’information. Ses objectifs : consolider, traiter et analyser la masse colossale de données et d’information brute enregistrées et stockées dans les bases de données (relationnelles ou non) de l’entreprise. Une mission qui ne peut être exercée sans de solides compétences dans la manipulation de l’information et la programmation algorithmique notamment, et qui réclame de surcroît une réelle aptitude à appréhender les enjeux du business et à travailler avec toutes les équipes compétentes au sein de l’entreprise. A ce titre, tous les exemples d’organisations en pointe sur le big data le prouvent, les data scientists interviennent le plus efficacement en étroite coopération avec les équipes marketing. Idéalement, sous l’autorité du CMO (et non en concurrence avec lui), car celui-ci demeure le mieux placé pour conserver le recul et la vision transversale en matière de gestion de la connaissance client.

9 – « Les CEO doivent être présents sur Twitter »

La plupart des gourous du digital et des médias sociaux ne cessent d’enjoindre les chefs d’entreprise à être (davantage) présents sur les médias sociaux. Les bénéfices, selon eux, en sont multiples. En terme de marque employeur, la présence en ligne des dirigeants est d’abord perçue par les collaborateurs de l’entreprise comme « un signe de dynamisme, de modernisme et d’efficacité » d’après une étude menée par la société BRANDfog en 2012. De même, cette présence serait un atout en matière de recrutement et de fidélisation des collaborateurs… Surtout, vis-à-vis de clients et de prospects, l’engagement des CEO est cité comme un « levier d’amélioration de la visibilité de l’entreprise ». C’est sans doute la raison pour laquelle la proportion de dirigeants actifs sur les réseaux sociaux est passée de 36 % en 2010 à 66 % en 2012, selon la société de relations publiques Weber Shandwick. Principaux vecteurs : les chaînes YouTube des entreprises, mais également Facebook. A contrario, Twitter est la seule plateforme a avoir connu une régression de l’engagement des CEO. Les raisons : d’une part les chefs d’entreprise ont conscience que la viralité extrême de Twitter constitue un facteur de risque non négligeable. Ils se méfient donc particulièrement de cette plateforme (et certains bad buzz leur donnent a priori raison…). Par ailleurs, Twitter leur paraît trop chronophage au regard des objectifs recherchés : la plupart des CEO ne souhaitent pas s’investir dans la dimension conversationnelle de Twitter. Ce qui les intéressent en priorité demeure la visibilité de leur entreprise, ce qu’on ne peut leur reprocher…

10 – « Il faut s’adapter à la génération Y car ce n’est pas elle qui va s’adapter ? »

Tarte à la crème des tartes à la crème ? La « génération Y » fait vendre. Oui, mais comme pour tous les bons petits produits de saison, attention à la date de péremption. Démographie oblige, on entend de plus en plus parler de la génération suivante, dite « Z »… Pour autant, la rigueur de ces notions est loin de faire l’unanimité. Et c’est bien normal. Comment croire en effet à l’homogénéité comportementale d’un groupe démographique ? Pour ce que j’en vois, si quelques grandes spécificités se dégagent (aisance avec le digital, relation bouleversée à l’autorité et à la hiérarchie…), il me semble que les plus petits communs dénominateurs comportementaux attribués à la génération Y sont surtout le reflet des changements sociétaux à l’oeuvre depuis 20 ans. Et à ce titre, de plus en plus universellement partagés, quelle que soit la génération. A partir de là, des formations en entreprise sur le management de la génération Y sont-elles réellement nécessaires aujourd’hui ? Pourquoi pas, quand on aime enfoncer des portes ouvertes… Mais c’est bien à la nouvelle relation des individus au travail et aux attentes sous-jacentes de tous les salariés qu’il faudrait en priorité s’intéresser.

Crédit photo : TheBrandNewsBlog