Sortez vos mouchoirs : la ménagère de moins de 50 ans n’est plus…

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La nouvelle est passée inaperçue, ou presque. Y compris dans le microcosme de la com’ et du marketing. Depuis le 11 décembre dernier, la « ménagère de moins de 50 ans », cette ex icône des médiaplanneurs et des régies TV, n’existe plus… Disparue, ventilée, dispersée au quatre coins de Paris façon puzzle.

On susurre d’ailleurs que du côté de Médiamétrie, l’usage de cette terminologie serait interdit depuis le 1er janvier. « Proscrit » par les sages du comité Audimétrie, ceux-là même qui ont pris en décembre la décision de remiser définitivement cette cible au placard.

Exit la figure désuète et dénigrante de la ménagère…

Alors je le sais, pour certains d’entre vous (je m’adresse ici davantage à la gent masculine, bien sûr), le coup peut sembler rude. C’est peut-être tout un imaginaire, érotico-délirant en l’occurrence, qui s’effondre avec ce naufrage sémantique (=> voir ci-dessous la ménagère fantasmée par le photographe Miles Aldridge pour la marque de lingerie Agent provocateur).

En même temps, à l’exception de ces nostalgiques, il faut bien admettre que la disparition de la ménagère du glossaire marketing ne fera de la peine à personne… et n’a rien de surprenant.

A la fois désuet et dénigrant, ce vocable n’avait plus la cote depuis un moment déjà parmi les régies publicitaires, dont certaines l’avaient déjà abandonné, comme TF1 Publicité… Et Fabrice Mollier, son directeur adjoint, de résumer le sentiment général : « le nom, qui ne donnait pas une image positive de la femme, ne correspondait plus à la politique éditoriale de TF1 ni aux idées de ciblage de nos clients. »

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… et bienvenue à la « Femme Responsable principale Des Achats du foyer » 

Alors la ménagère de moins de 50 ans, victime collatérale de la novlangue et d’un toilettage purement cosmétique ?

Pas seulement, nous révèle le magazine Stratégies*. De fait, cette cible longtemps chérie par tous les acteurs des médias (et qui n’existe qu’en France puisque qu’elle fut créée par Médiamétrie pour les besoins de son Médiamatne concentrait plus que 3% des investissements publicitaires en 2014. Une coquille vide, en somme.

Abandonnée par les régies donc, et surtout par les annonceurs, désireux de renvoyer une image plus valorisante de la femme et concentrés aujourd’hui sur des cibles et segmentations plus fines, il devenait urgent pour les grands instituts d’adapter leurs outils.

C’est ce que Médiamétrie a fait, en proposant au passage une nouvelle terminologie : celle de Femme Responsable principale Des Achats du foyer, ou FRDA. Plus complexe et sociologiquement pertinente que la notion de ménagère, il s’agit en réalité d’une nouvelle cible, qui prend indirectement en compte une palette beaucoup plus large de critères et reflète plus fidèlement les données statistiques de l’INSEE.

En résumé : pas question pour les marques et les professionnels du marketing et des médias de consacrer moins d’attention aux femmes. Car celles-ci conservent un rôle prépondérant dans la consommation, au point que 45% du volume des publicités leur est encore exclusivement adressé (le reste des investissements des annonceurs étant consacré à des cibles « mixtes », composées à la fois d’hommes et de femmes).

Un grand chantier d’homogénéisation en cours chez Médiamétrie

Au-delà du sort emblématique de la « ménagère de moins de 50 ans », c’est toute sa segmentation que Médiamétrie est en train de remettre à plat, dans le cadre d’un grand chantier d’homogénéisation des noms et de redéfinition de ses cibles.

Gageons que ce travail, qui devrait s’achever dans les mois qui viennent, annonce un véritable renouveau du médiaplanning. Car les besoins des annonceurs évoluent à grande vitesse, de même que la société et les comportements de consommation. Il était donc grand temps d’adapter les outils de référence au service des professionnels !

 

 

* Source : magazine Stratégies n°1797 du 15 janvier 2015 >> « Mort de la ménagère de moins de 50 ans », par Bruno Fraioli.

Crédit photos : 123RF, Miles Aldridge – Agent provocateur, X, DR

 

Marques nationales Vs Marques de distributeurs : l’heure de la revanche ?

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Il y a 10 jours, à l’occasion de son dernier « Media Morning », la société d’étude Kantar Worldpanel* commentait les dernières tendances en matière de perception et de consommation des marques. Une présentation très instructive dont voici les principaux enseignements :

> 1/ Dans un contexte peu favorable à la consommation (PIB en baisse ou atone, météo chaotique, hausse du chômage…), le pouvoir d’achat des consommateurs français a très légèrement progressé en 2013. Mais l’envie de dépenser n’est toujours pas au rendez-vous, les ménages demeurant plutôt pessimistes (sentiment d’une baisse globale de leur pouvoir d’achat) ;

> 2/ Si les consommateurs sont de plus en plus amenés à arbitrer dans leurs dépenses, la consommation des produits de grande consommation (« PGC ») reste relativement préservée (les volumes diminuent mais la fréquence d’achat reste stable, tandis que le « panier » moyen des ménages augmente, du fait de la hausse des prix) ;

> 3/ Dans le « match des marques », la tendance est clairement à l’érosion des MDD et du hard discount au profit des marques nationales… Les MDD ont réalisé 32,6% du chiffre d’affaires en valeur au 3ème trimestre 2013 contre 33,2% pour la même période en 2012 et le hard discount 12,3% du CA contre 13% en 2012.

A contrario, les marques nationales ou « grandes marques » ont confirmé en 2013 leur embellie, avec en moyenne une croissance de 3% des points de contact pour les 50 premières d’entre elles.

> 4/ Kantar Worldpanel relève également que la « côte d’amour » des marques nationales a progressé cette année. Celles-ci sont aujourd’hui reconnues pour leur dynamisme (14% contre 8% pour les MDD), leur originalité (13% contre 5% pour les MDD), leur qualité (36% contre 28% pour les MDD) et la confiance qu’on leur accorde spontanément (33% vs 28% pour les MDD).

L’innovation, un facteur déterminant dans l’attachement des consommateurs à la marque

> 5/ Autre idée forte présentée durant la matinée : l’importance de l’innovation. D’après Kantar Worldpanel, communiquer sur une innovation permet de fidéliser les clients en renforçant sensiblement leur attachement à la marque. Ainsi, les marques qui ont lancé au moins une innovation entre 2009 et 2011 bénéficient dans les panels d’une «côte d’amour» supérieure et d’une image plus «dynamique» que leurs concurrentes. L’innovation leur permet de justifier un prix plus élevé par rapport à la moyenne des marques de leurs marchés. Ceci est encore plus flagrant pour les marques qui ont lancé au moins trois innovations sur cette même période.
L’«effet de halo» produit par une communication «ciblée innovation» est particulièrement positif en terme d’image. Dans la majorité des cas, communiquer sur une innovation fidélise les clients (neuf fois sur dix, les foyers qui ont acheté une innovation augmentent ensuite leur consommation globale de la marque concernée).

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Les leçons à en tirer…

Kantar Worldpanel nous le confirme : les comportements d’achat deviennent de plus en plus imprévisibles. Le « consommateur moyen » a vécu et l’heure est désormais au consommateur « caméléon ». Un profil largement répandu dont les caractéristiques sont d’être particulièrement investi dans ses achats et d’exprimer de multiples attentes, parfois contradictoires.

Dans ce contexte, les marques nationales ont bien compris qu’il leur fallait se renouveler et innover pour survivre. Et si les MDD semblent quelque peu marquer le pas, il faut rappeler qu’elles avaient beaucoup progressé ces dernières années en répondant au meilleur prix aux attentes « traditionnelles » des consommateurs. Or ce sont ces attentes qui aujourd’hui se fragmentent, tandis que les marques nationales tirent leur épingle du jeu grâce à leur réactivité et leur capacité à se remettre en question.

Pour sortir de la crise par le haut (et ne pas perdre de parts de marché), les marques doivent impérativement continuer à investir en termes d’innovation et de communication car ces ressorts sont ceux qui fonctionnent encore auprès des consommateurs.

* Leader mondial dans le domaine des panels de consommateurs

(Crédit photo : TheBrandNewsBlog, X, DR)

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