Un mois d’août en marque blanche (#3) : entre réputation et influence…

Dernier volet de mes recommandations de lecture (ou de relecture) aoûtiennes… Avant d’attaquer dès cette fin de semaine la #Saison 2 du BrandNewsBlog, je vous propose de retrouver ci-dessous quelques-uns des meilleurs articles parus ces derniers mois sur ces deux sujets particulièrement commentés que sont la réputation et le marketing d’influence.

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Et pour faire le lien entre ces deux notions, je vous invite d’abord à découvrir cette excellente synthèse parue sous la plume limpide de Caroline Castets (qui a décidément un don pour expliquer les choses simplement) : «La réputation c’est bien, l’influence c’est mieux »

Sur cette même thématique de l’influence, sur laquelle je reviendrai prochainement, la société Augure et les experts qu’elle a sollicités nous rappellent ici quelques bonnes bases à connaître, intéressantes en particulier pour les marques soucieuses de développer un véritable marketing d’influence : Les règles du jeu pour de bonnes relations avec les influenceurs digitaux

A la question « comment devient-on un influenceur », Christophe Ginisty et Nicolas Vanderbiest nous apportent deux réponses a priori opposées, mais plus complémentaires qu’il y paraît en fait. Là où le premier nous invite à découvrir « cinq clés pour devenir un influenceur », l’auteur du ReputatioLab joue quant à lui (et avec talent) les poils à gratter. Il nous plonge ici dans « les égoûts de l’influence », une descente pas très ragoûtante mais solidement argumentée, qui nous rappelle au final combien le terrain de l’influence est encore incertain, certains indicateurs reposant manifestement sur le sable dont sont fait les châteaux…

Pour finir, je ne résiste pas à la tentation de partager ces deux articles édifiants sur la réputation : le premier, du même Nicolas Vanderbiest, nous raconte par le menu la mésaventure survenue à la jeune Axelle Despiegelaere, devenue malgré elle en quelques heures l’héroïne de tout un peuple et d’une grande marque de cosmétique… avant d’être immolée tout aussi rapidement sur l’autel du bad buzz. Un scénario ubuesque au demeurant très révélateur, tant les travers de l’époque semblent rassemblés et poussés jusqu’à l’absurde : la viralité extrême du buzz, l’emballement médiatique, la motivation patriotique et la récupération mercantile inconsidérée… => « E-réputation, la dure injustice ».

Le second article sur ce thème est tout aussi édifiant, le point de départ en étant une stratégie de com’ délibérée (d’Amazon en l’occurrence). La mésaventure récente du distributeur en ligne nous rappelle combien le (good) buzz peut se retourner rapidement en bad buzz, voire en crise réputationnelle plus sévère, et que l’excès de confiance ne met personne à l’abri sur les réseaux sociaux : « Conflit Amazon Vs Hachette : la communication « gros calibre » peut-elle durablement fonctionner ? »

Bonne lecture à tous !

 

Un mois d’août en marque blanche (#1) : pleins feux sur la com’…

Tandis que le web 2.0 et le nouveau paradigme numérique n’en finissent plus de bouleverser les usages et la perception des différentes formes d’autorité, les institutions et les entreprises sont sommées de changer de « logiciel communicant ». Dans un contexte de défiance généralisée, et sous la menace d’acteurs jusqu’ici méconnus et privés de parole, elles doivent remettre à plat leurs pratiques et proposer de nouvelles relations à leurs publics.

Dans le même temps, la communication et les communicants (particulièrement dans le domaine de la politique mais pas seulement) font régulièrement l’objet de critiques. Accusés de manipulation et de dissimulation, quand certains de leurs représentants ne sont pas impliqués dans des affaires (comme Bygmalion), les professionnels s’organisent pour mieux faire connaître leurs compétences, saisir toutes les opportunités de la révolution digitale et « normaliser » certaines pratiques, dans l’intérêt des agences et des annonceurs… Un vaste chantier qui ne fait sans doute que commencer.

Pour cette première semaine en marque blanche*, je vous invite à découvrir ou redécouvrir les meilleurs articles à ce sujet, émanant de blogueurs connus ou moins connus, voire de sites professionnels… en vous priant d’avance de m’excuser pour l’insertion, quand le sujet s’y prête, d’articles de mon cru publiés ces derniers mois sur le BrandNewsBlog.

Bonne lecture à tous et beau mois d’août !

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++ A lire et relire : le « coup de gueule » d’Olivier Cimelière pour sauver la communication de certains de ses démons après l’affaire Bygmalion. Forcément, j’adhère…

=> « Bygmalion & spin doctors : il faut absolument changer de logiciel communicant ! »

++ Quand Roger Pol Droit s’en prend à la dimension communication qui supplante et dénature l’information, cela donne ça… Avec un air de déjà-vu / déjà-lu tout de même pour cette critique « du grand vide contemporain »…

=> « L’invention du bullshit telling » 

++ Des responsables et dircoms « 2.0 » à la fois « plus curieux, plus vigilants et réellement soucieux d’engager leur entreprise dans une relation revisitée avec leurs différents publics » ? Il existent déjà et je les ai rencontrés…

=> « Six bonnes raisons de croire en la communication… et de ne pas désespérer des communicants »

++ A relire aussi : cet excellent article de Caroline Castets sur les « nouveaux dircoms ». Il date certes de 2012, mais les enjeux demeurent valables et il est riche de nombreux témoignages convergents…

=> « Les nouveaux dircoms – Le pouvoir d’influence demeure, la dimensions stratégique s’impose« 

++ Avec le développement du web 2.0, le métier des RP lui aussi doit impérativement évoluer… faute de quoi il pourrait rapidement disparaître : un article extra-lucide de Christophe Ginisty, toujours visionnaire sur ces questions…

=> « Pourquoi le métier des RP risque de disparaître… »

++ Quand les annonceurs et les agences essaient de codifier des règles de bonne conduite, cela donne « La Belle Compétition », une initiative pavée de bonne intentions… mais est-elle réaliste ? Découvrez ci-dessous le résumé de l’initiative, tel que rapporté par l’agence Perspectives, ainsi que l’avis tranché de Philipe Heymann…

=> « La Belle Compétition, une nouvelle charte pour encadrer les appels d’offres en communication » et « Agences / annonceurs : vive la Belle Compétition »

++ Le post qui fait école : sur son blog Le Publigeekaire, Mathieu Flaig a publié récemment ses 10 conseils à l’attention des jeunes communicants… Une recommandation pleine de bon sens, dont je partage la plupart des points :

=> « 10 conseils aux jeunes professionnels de la communication »

++ Et si le premier talent d’un bon communicant, c’était tout simplement de savoir rendre intéressantes les choses importantes ? Comme à son habitude, un post limpide de Christophe Lachnitt, extrait de son blog Superception…

=> « Le secret pour identifier un bon communicant« …

 

* Pendant 1 mois, le BrandNewsBlog ouvre ses colonnes à d’autres blogueurs et experts en marketing ou en communication. Je vous propose ainsi de retrouver chaque semaine une compilation des meilleurs billets et articles de communication et de marketing que j’ai pu lire ou relire ces derniers mois…

 

Crédit photo : 123RF

 

Six bonnes raisons de croire en la communication… et de ne pas désespérer des communicants

Souvent brocardés pour leur vacuité, ou pour le pouvoir d’influence et de manipulation qu’on leur prête, les communicants souffrent d’une mauvaise image auprès du grand public. Et la communication reste souvent perçue comme un exercice « cosmétique », au mieux, quand on ne l’accuse pas de servir à cacher ou à travestir la réalité.

Pourtant, les auteurs auxquels je me réfère dans cet article* en sont convaincus : les pratiques les plus décriées vont nécessairement disparaître et de nouveaux comportements communiquants voient déjà le jour. La multiplication des contraintes, ajoutée à l’essor des nouveaux médias et modes de communication, favorisent l’émergence de profils professionnels moins formatés… Des responsables et dircoms « 2.0 » à la fois plus curieux, plus vigilants et réellement soucieux d’engager leur entreprise dans une relation revisitée avec leurs différents publics.

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Vous êtes sceptique ? Voici ci-dessous la preuve par 6 de cette évolution inéluctable… et en filigrane, un portrait-robot de cette nouvelle typologie de dircoms et de communicants:

1 – Les vieilles recettes de la communication descendante ne fonctionnent plus… 

Tout le monde (ou presque) est d’accord sur ce point : c’en est fini de la com’ de papa. Le « bon vieux temps » où il suffisait de passer un spot de 30 secondes à une heure de forte audience et de s’assurer de la parution de quelques articles favorables pour réussir une annonce ou un lancement de produit est révolu. Il y a encore quelques années, un bon directeur de la communication était d’ailleurs recruté pour sa connaissance des médias et de la presse, mais aussi (et surtout) pour son réseau et son entregent. Il lui fallait gagner la confiance de ses dirigeants en les conseillant sur leur image et sur celle de l’entreprise. Hommes et femmes d’influence, volontiers « gourous » à leurs heures, les dircoms veillaient principalement à la cohérence des messages et au respect de plateformes de marque plus ou moins gravées dans le marbre… Cet « âge d’or » de la publicité et de la communication de masse appartient au passé. Du fait de l’essor des réseaux sociaux surtout, et des nouvelles attentes des parties prenantes, les entreprises et services com’ sont sommés de changer leur « disque dur communiquant ».

2 – Les médias sociaux et le digital bouleversent les pratiques et ouvrent de nouvelles perpectives

Dans son dernier ouvrage Managers, parlez numérique, Olivier Cimelière résume ainsi les 6 bouleversements de paradigme survenus ces dernières années : fin du destinataire passif et émergence du conso-acteur ; « délinéarisation » de l’information et connectivité permanente ; exigence de transparence ; passage d’une information rare et contrôlée à l’infobésité ; attentes collaboratives accrues ; remise en question des relations verticales au profit d’échanges entre pairs… Le changement de décor est brutal et l’émergence des nouveaux médias y est en effet pour beaucoup. Les communicants sont priés de se défaire de leurs certitudes pour se connecter (en temps quasi-réel) avec leurs publics. D’autant que le risque réputationnel est partout désormais, puisque chacun, qu’il soit consommateur, salarié, syndicaliste, politicien, militant associatif ou simple spectateur peut aujourd’hui avoir un avis sur l’entreprise et ses orientations… et le faire connaître.

3 – Plus ouverts sur l’extérieur, les communicants sont aussi plus « complets »

Finie l’époque des tours d’ivoire et des plans de communication élaborés « en chambre ». Non seulement les entreprises sont placées dans un contexte d’interactions permanentes avec leurs parties prenantes, mais leur ouverture internationale croissante requiert de savoir adapter les messages et les conversations à des récepteurs très différents. « Tout enjeu d’image obéit aujourd’hui à une mise en perspective multiculturelle » confirme Florence Danton, responsable pédagogique de l’Ecole de la Communication de Sciences-Po. Plus ouverts sur le monde, les communicants sont aussi plus complets et polyvalents. Il leur est notamment demandé de maîtriser le fonctionnement des domaines clés de l’entreprise : juridique, management et surtout finances, dans le cadre d’une communication financière toujours plus importante. Sans oublier le digital bien sûr, qui irrigue toutes les activités de l’entreprise : experts en médias et en nouveaux canaux de diffusion, les communicants 2.0 sont par définition techno-compatibles.

4 – A la fois pilotes et vigies : le rôle des dircoms se complexifie (et gagne en pertinence)

Dans leur missions spécifiques, les directeurs de la communication sont au premier rang de ces mutations. A la fois pilotes et vigies, stratèges et démineurs, ils ont la charge de coordonner les actions et les équipes com’ de l’entreprise dans des domaines de plus en plus variés (production et diffusion de contenus, promotion de l’image, animation de communautés, réenchantement des marques…) et celle de gérer les risques et de garantir l’e-réputation de l’entreprise. A l’écoute des signaux faibles, ils/elles peuvent se transformer en urgentistes quand une crise survient. Plus « visibles et vulnérables » que par le passé, comme le démontre Caroline Castets dans son excellent article de décembre 2012, ils/elles doivent non seulement apprendre à composer avec les incertitudes de leur environnement et abandonner toute velléité de contrôle, mais aussi s’efforcer de créer du sens et du lien, notamment grâce à des contenus de marque appropriés… Bref, la cabine de pilotage du dircom’ s’est singulièrement complexifiée…

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5 – La communication de demain sera plus utile, honnête et empathique… ou ne sera pas

Ce sont les résultats 2013 du Trust Barometer de l’agence Edelman qui nous l’enseignent… Dans un contexte de défiance accrue envers les acteurs institutionnels (entreprises, gouvernements, médias et ONG), l’opinion publique est prête à renouer avec les organisations qui sauront répondre concrètement à leurs attentes. Parmi les plus fortement exprimées : le fait de proposer des produits et services de qualité, de tenir compte des besoins et remarques, de respecter davantage les collaborateurs et de « faire passer les clients avant les profits ». L’adoption par les entreprises de comportements plus éthiques et responsables et le recours à une communication plus « fréquente, explicative et honnête » sont également cités par une majorité de répondants… Pour répondre à ces différents défis, et communiquer de manière plus efficace et pédagogique, les experts com’ et leurs dirigeants doivent remplir 3 conditions préalables d’après Olivier Cimelière : 1/ se (re)mettre dans une position d’écoute active (ce qui va bien au-delà des enquête de satisfaction) ; 2/ via les réseaux sociaux notamment et toutes les opportunités du digital, être capables d’engager durablement un véritable dialogue (et non une conversation asymétrique) avec leurs différents publics ; 3/ proposer des contenus plus utiles et qualitatifs et « passer d’un storytelling de conviction à un storytelling de coopération ».

6 – Communiquer au sens de « mettre en commun », c’est possible

Pour se débarrasser des vieilles habitudes et saisir toutes les opportunités de la révolution digitale, pour instaurer une communication plus empathique et équilibrée avec les parties prenantes et revenir, en définitive, à l’origine étymologique du mot communiquer (= mettre en commun), les principaux obstacles ne sont pas forcément matériels. Ils sont d’abord dans certaines têtes. Dans beaucoup d’entreprises, la fameuse conversion numérique a été amorcée, avec le recrutement de compétences dédiées qui ont notamment rejoint les services communication : community managers, reputation managers… Les équipes en place ont aussi été formées, dans bien des cas, à la nouvelle donne digitale. Mais quand « blocage » il y a, c’est souvent la montée en puissance de ces nouvelles compétences au sein des organisations qui pose problème… Comme le soulignait par exemple Christophe Ginisty dans un article tout récent que je recommande (Pourquoi le métier des RP risque de disparaître), les principaux freins à une évolution des RP sont bien des conservatismes. A savoir, en premier lieu : « l’immense conservatisme du couple annonceur-agence composé de deux éléments qui plaident pour que rien ne bouge trop vite » et par ailleurs (outre la médiocre maîtrise des big data), le « peu de crédit accordé au Community Manager » au sein des entreprises, en dépit de la dimension stratégique de ses missions…

On le voit, pour que la communication évolue dans le bon sens, il manque assez peu de choses en définitive. Et c’est sans doute de l’impulsion et la volonté d’avancer des acteurs eux-mêmes que viendra le salut.

 

* Pour aller plus loin :

> Caroline Castets : Les nouveaux dircoms – Le pouvoir d’influence demeure, la dimensions stratégique s’impose (article du nouvel Economiste.fr du 5 décembre 2012)

> Emmanuel Bloch : Communication de crise et médias sociaux (Editions Dunod – Janvier 2012)

> Olivier Cimelière : Managers, Parlez numérique… et boostez votre communication ! (Editions Kawa, octobre 2013)

> Christophe Ginisty : Pourquoi le métier des RP risque de disparaître, 2 février 2014 (sur http://www.ginisty.com)

(Crédit photos : ondixièmes / X, DR)

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