Que devient la marque France ? Ces dernières semaines, vous avez été plusieurs à me poser la question. Et je dois dire que ni moi ni d’autres observateurs mieux placés n’en avons la moindre idée, ce qui n’est pas forcément bon signe.
Il semble d’ailleurs que le nombre de personnes disposant d’informations à ce sujet se réduise progressivement comme peau de chagrin, à en juger par les discours embarrassés que j’ai obtenus des interlocuteurs sensés pouvoir me répondre.
Alors certes, il est toujours possible qu’on en apprenne davantage dans les jours qui viennent, au détour d’une petite phrase du Ministre du redressement productif, ou par un canal plus officiel. Il n’en reste pas moins qu’en publiant récemment un article faisant état du retard pris dans le processus d’élaboration de l’identité graphique de la marque France, Challenges a semé le trouble (voir ici). Le magazine fait notamment état de divergences au sein du gouvernement sur la manière de conduire le projet et sur le calendrier de lancement de notre marque pays.
Challenges affirme notamment que l’identité de la marque France aurait du être dévoilée lors du premier Conseil stratégique de l’attractivité organisé par François Hollande le 17 février dernier. Une hypothèse crédible puisque le Président de la République y a effectivement évoqué la marque France (dans des termes très vagues, du coup) devant le parterre de ministres et de dirigeants étrangers conviés pour l’occasion à l’Elysée. L’échéancier initial mis en ligne sur le site de la marque France (échéancier retiré depuis) faisait d’ailleurs état d’une présentation de la marque nationale « début 2014 ».
Que les assertions de Challenges s’avèrent fondées ou pas, j’avoue pour ma part être de plus en plus perplexe quant à la stratégie de déploiement et de communication adoptée par l’exécutif et les responsables de la Mission marque France.
Au regard des défis à relever pour susciter l’adhésion populaire indispensable au succès de cette marque (voir ici mon précédent article à ce sujet), on ne peut que regretter le manque de visibilité actuel et le déficit de transparence dans la démarche.
Par ailleurs, sans entrer dans des considérations politiques déplacées, on peut également déplorer l’excessive personnalisation du projet insufflée progressivement par le Ministre du redressement productif. L’image et l’ambition d’Arnaud Montebourg n’ont-elles pas tendance à « vampiriser » les dossiers dont celui-ci s’empare ?
L’expérience nous l’enseigne : les pays qui ont le mieux réussi dans leur stratégie de nation branding (Corée du Sud, Australie, Suède…) sont aussi ceux qui ont su mettre les considérations politiciennes et les ambitions individuelles de côté, pour mobiliser leur concitoyens dès la phase amont, dans la construction puis le déploiement d’une marque réellement populaire et durable.
De ce point de vue, faute d’avoir su impliquer jusqu’ici davantage de Français dans le développement de notre marque nationale, la marque France risque de rater son entrée en scène… et de finir tôt ou tard aux oubliettes, à l’occasion d’un prochain remaniement ministériel par exemple. Ce serait là un beau gâchis.
Alors si ce post peut servir à quelque chose, je le dis aux responsables concernés : hâtez-vous de nous redonner envie de cette marque France, avant que le soufflet n’en soit définitivement retombé… Et de grâce : communiquez !
(Crédit photo : 123RF)
Si tant est que les statistiques d’un blog puissent servir de baromètre, une chose en tout cas « sauve » les pilotes de la marque France : apparemment, notre marque pays suscite encore peu d’attentes, à en juger par le faible nombre de visiteurs et de vues de l’article ci-dessus. Et les 3 articles précédents que j’ai pu consacrer à la marque France illustrent la même tendance : ce sont au global (et d’assez loin) les moins lus du BrandNewsBlog… Une illustration supplémentaire de la nécessité de donner un bon coup de com’ sur le sujet si on veut que cette marque « existe » puis s’impose.