Genèse, « adolescence » et maturité : les 3 définitions successives du branding

Voilà une quinzaine d’année maintenant que le terme anglais branding a fait son apparition dans les discours des professionnels du marketing et de la communication. Il s’est largement répandu et généralisé depuis, au point qu’aucune traduction française ne s’est réellement imposée (la « construction » et la « gestion de marque », par exemple, en sont des équivalents partiels).

Fidèle à la vocation de ce blog, je vous propose de retracer la « préhistoire » puis l’essor du branding en tant que nouvelle discipline, au travers de 3 définitions qui reflètent en quelques sortes ses 3 « âges » successifs…

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1/ La définition littérale

J’ai déjà évoqué le « brandon » dans un précédent billet, ce fer porté au rouge qui permet depuis le moyen-âge de marquer le bétail. En bon anglais, le branding se réfère  d’abord, littéralement, à l’action de marquer – d’apposer sa marque.

Cela correspond évidemment à une définition a minima du branding, qui renvoie directement au besoin de pouvoir authentifier l’origine d’un bien et de pouvoir en identifier le propriétaire / le producteur par la vertu distinctive de la marque.

2/ Une nouvelle définition du branding à partir des années 50

Sous l’impulsion de Raymond Loewy, qui donna de nouvelles lettres de noblesses au design dans les années 50, en travaillant notamment sur le packaging de nombreux produits de la vie courante (la « cultissime » bouteille de Coca-Cola par exemple) et sur l’identité visuelle de grandes marques américaines, le terme branding apparaît pour la première fois cité avec une forte connotation marketing.

Il est utilisé pour décrire la construction d’une identité visuelle forte, au service des marques. 

3/ Le nouvel essor du branding

Depuis la fin des années 90, le branding a pris une nouvelle signification et un nouvel essor. La mondialisation et le développement des nouvelles technologies aidant, les entreprises ont pris conscience de l’impérieuse nécessité de gérer leur(s) marque(s) de manière encore plus rigoureuse et proactive, en y allouant souvent davantage de moyens.

Nouvelle discipline à la croisée de nombreuses fonctions de l’entreprise, le branding se conçoit dès lors comme « processus de construction d’une marque dans une optique de communication« .

> Quel est la finalité du branding ?

L’objectif recherché, en « brandant » un produit ou un service, est de lui permettre de dépasser un statut purement fonctionnel pour le hisser au stade de marque communicante en soi. Il s’agit avant tout d’installer une marque sur un marché donné, vis-à-vis de publics bien déterminés, en développant une brand culture cohérente, consistante et valorisante, qui racontera les produits/services ainsi marqués.

Comme le résument assez poétiquement Benoît Héry et Monique Wahlen dans leur ouvrage De la marque au branding* « une marque ne naît pas marque, mais se construit en tant que marque. C’est en cela que consiste le branding : construire des marques comme on édifie des cathédrales »

> Le branding aujourd’hui

Par extension, le terme branding ne désigne pas seulement la construction et le déploiement de la marque, mais également la stratégie de marque et sa gestion opérationnelle (le brand management de la marque en somme).

Sous ce nouvel angle, on peut dire que le branding recouvre « toutes les actions et réflexions qu’une entreprise engage dans le but de développer et de renvoyer une image positive d’elle-même sur ses marchés et dans son environnement socio-économique ».

Cela implique de gérer tous les aspects intervenant dans l’image et le contenu de marque d’une entreprise, tels que son territoire et son style d’expression, la description de la qualité de ses produits, ses valeurs, ses signes de présence (logo, signalétique, charte graphique)…

> Le branding : clé de voute d’une marque forte

Savamment mis en oeuvre dans la durée et réactualisé, au besoin (au moyen de démarches de « rebranding »), le branding confère une personnalité forte et une identité unique aux organisations qui en maîtrisent les techniques.

 

* De la marque au branding – Vers un nouveau modèle : le cloud-branding, de Benoît Héry et Monique Wahlen – Editions Dunod, 2012.

(Crédit photo : Creative commons)

Les 5 définitions de la marque

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La marque est par essence multidimensionnelle. De là, sans doute, sa résilience et cette capacité unique d’adaptation qui lui ont permis de s’imposer au fil des décennies, dans des contextes très différents.

Difficile, dès lors, de la définir en rendant compte de ses multiples usages et facettes. Je vous propose néanmoins de relever le « défi », en reprenant l’histoire là ou je l’ai laissée : à partir du « brandon » originel qui servait aux propriétaires à marquer le bétail pour pouvoir l’authentifier et le distinguer de celui du voisin (voir ici mon post à ce sujet…).

La première définition de la marque découle directement de cette fonction initiale :

1) Au sens de la propriété industrielle, comme pour l’expert du marketing Philip Kotler, «  la marque est un nom, un terme, un signe, un symbole, un dessin ou toute combinaison de ces éléments servant à identifier les biens ou services d’un vendeur et à les différencier des concurrents»

Afin de nuancer et compléter cette première grille de lecture, je vous propose ci-dessous 4 autres définitions que j’affectionne. Elles mettent en lumière des dimensions différentes et complémentaires de la marque. 

Cette « progression conceptuelle » dans les définitions, au fil des décennies, reflète bien le rôle de plus en plus prégnant joué par les marques dans nos sociétés. Du statut de signe distinctif attestant une origine et/ou certaines qualités intrinsèques du produit, celles-ci ont considérablement étendu leur « périmètre »…

2) Andrea Semprini définit ainsi la marque de manière discursive, comme « l’ensemble des discours tenus à son égard par la totalité des sujets (individuels et collectifs) impliqués dans sa création ».

3) David A. Aaker est quant à lui le premier à évoquer la marque comme une valeur ajoutée :  « la marque désigne l’ensemble des associations cognitives qui ajoutent de la valeur à celles déjà suscitées par le produit lui-même.»

Plus récemment, les définitions convergentes de Jean-Noël Kapferer (notre plus éminent expert français des marques) et du Mercator qui s’en est inspiré, rendent compte de la « puissance » de la marque en tant que capital immatériel, offrant des bénéfices tangibles et intangibles à son/ses détenteur(s) :

4) « Une marque est un nom et un symbole associé, ayant acquis un fort pouvoir d’influence, car ils évoquent des valeurs uniques, des bénéfices tangibles et intangibles » (Jean-Noël Kapferer)

5) – « La marque est un nom et un ensemble de signes distinctifs qui ont du pouvoir sur le marché en donnant du sens aux produits et en créant de la valeur perçue pour les clients et de la valeur économique pour l’entreprise » (Le Mercator)

… Comme on le voit, la marque est loin de se résumer à des questions de logotype ou de signalétique.

Ces dernières années, l’avènement du « content marketing » et la reconnaissance croissante de la portée « culturelle » des marques ont encore développé leur « statut ». « L’extension du domaine de la marque » contribue ainsi à enrichir et diversifier sans cesse la mission des professionnels qui en ont la charge (marketeurs, communicants, brand managers et autres experts des marques).

Crédit photo : 123RF

 

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