La rentrée dans le viseur… d’Emmanuelle Raveau, directrice communication et marketing d’EY

Je vous le disais ce week-end : le regard des marketeurs.euses et des communicant.e.s de terrain, qui ont vécu « aux premières loges » les impacts de la crise sanitaire, nous est particulièrement précieux en cette rentrée.

Aux commandes des équipes communication de Club Med, Thierry Orsoni¹ nous parlait samedi de la résilience de son entreprise et du rôle joué par les équipes com’ dans l’accompagnement de ses différentes parties prenantes (collaborateurs, clients…).

Ce mardi, dans le cadre de ma série « La rentrée du BrandNewsBlog », c’est au tour d’Emmanuelle Raveau, directrice communication et marketing d’EY, de partager avec nous son expérience et les enseignements de cette période complexe.

Au contact de la plupart des acteurs de l’économie et aux côtés des entreprises, EY a traversé la tempête des derniers mois en adaptant rapidement son organisation pour continuer de répondre aux besoins de ses clients, plus que jamais en attente d’accompagnement et de conseils.

Tout en continuant de « gérer la demande » et les urgences quotidiennes, l’entreprise a aussi pu mesurer, au travers de cette crise, la nécessité de faire progressivement évoluer les modèles économiques, pour les inscrire dans une dynamique plus responsable et de long terme, validant ainsi sa vision sur les grands enjeux à venir et l’engagement inscrit dans sa raison d’être : « Building a better working world ».

Dans son interview, Emmanuelle Raveau évoque ces grands enjeux et le rôle des communicant.e.s. En tant que Présidente de COM-ENT, premier réseau de communicants français, elle nous dit aussi comment l’association a continué d’accompagner les professionnels, qu’ils soient freelances, collaborateurs d’agences, d’institutions ou d’entreprises, dans une des périodes les plus difficiles que notre filière ait connu.

Merci encore à elle pour sa disponibilité et son éclairage précieux en cette rentrée 2020, qui restera quoiqu’il advienne marquée dans nos mémoires…

Le BrandNewsBlog : Bonjour Emmanuelle. La crise sanitaire mondiale inédite que nous traversons a commencé depuis maintenant plus d’un semestre… et devrait hélas durer encore de longs mois. Comment votre Groupe a-t-il été impacté par cette crise et quelles mesures avez-vous mises en œuvre pour maintenir vos activités ainsi que le lien avec vos collaborateurs et vos clients, durant cette période ?

Emmanuelle Raveau : L’incroyable et historique crise sanitaire que nous venons de vivre, laquelle, nous le voyons de jour en jour, n’est malheureusement pas encore derrière nous, a profondément bouleversé tant dans nos vies personnelles que professionnelles. Il a fallu repenser notre quotidien avec agilité et même courage pour beaucoup d’entre nous.

L’impact a été, comme pour la quasi-totalité des entreprises, à la fois économique et humain. Certains pans de nos activités ont été brutalement mis à l’arrêt. Certains de nos collaborateurs aussi.

Le maintien du lien avec les collaborateurs a été et demeure la préoccupation première du Management et des responsables d’équipes. La communication interne, dont on sait l’importance, a fait l’objet d’une attention toute particulière. Il faut à la fois rester présent à distance, faire preuve de transparence, rassurer quant à l’activité de l’entreprise, se projeter dans un « Après » encore très indéterminé, tout en adaptant les modes de travail au quotidien.

Et pourtant, il nous faut dès à présent penser à demain avec une vision qui dépasse l’immédiateté. Donner de la perspective est capital car aujourd’hui il faut ancrer notre résilience dans un équilibre de très long terme.

Le BrandNewsBlog : A l’heure où nous parlons, quel bilan tirez-vous des mesures mises en œuvre par votre entreprise pour gérer au mieux les impacts de cette crise ? Ont-elles été efficaces et bien perçues par vos différentes parties prenantes ? Et quelles leçons retenez-vous plus particulièrement de ces derniers mois, dont il faudrait/faudra tenir compte dans les prochains mois ?

Emmanuelle Raveau : Je dirais que nous avons su faire preuve d’agilité tant dans la prise de décision que dans la mise en place des mesures de protection sanitaire. Un dialogue interne avec les responsables d’unité, les instances sociales et l’écoute active des collaborateurs nous a permis de concrétiser rapidement un plan d’action. Dans ce type de situation inédite, le plus complexe est, me semble-t-il, de trouver le bon curseur tant dans les actes que dans la communication.

Les prochains mois et particulièrement la période de rentrée nous amènent à prolonger les mesures qui avaient déjà été mises en place afin de protéger nos collaborateurs tout en nous adaptant à nos contraintes clients.

Les enseignements sont multiples mais convergent tous vers un devoir de vigilance accru. La situation perdure et doit nous amener à nous adapter en permanence. C’est un des enseignements majeurs de cette crise, savoir s’adapter rapidement à toutes les situations qui se présentent à nous.

La crise est devenue un état quotidien, presque ordinaire alors même qu’il a fait notre « désordinaire » pendant des mois. L’individu est ainsi fait qu’il a besoin de sécurité, de visibilité, de stabilité pour se réaliser au quotidien, tant personnellement que professionnellement. Hors tous ces principes ont volé en éclats.

Le monde du travail qui était déjà en pleine mutation accélère désormais sa transformation. C’est un virage critique à aborder avec le plus grand discernement pour ne laisser personne au bord du chemin.

Le BrandNewsBlog : La pandémie étant encore loin d’être circonscrite dans le monde, et toujours susceptible de connaître un rebond et de nouveaux épisodes en Europe, pensez-vous néanmoins que votre entreprise serait/sera mieux préparée qu’en début d’année à l’éventualité d’une nouvelle période de confinement ou à l’annonces de nouvelles mesures contraignantes ? Y-a-t‘il réellement une courbe d’apprentissage, même dans une crise aussi singulière et inédite que celle que nous connaissons aujourd’hui ?

Emmanuelle Raveau : Le rebond est malheureusement là. C’est un fait auquel nous nous attendions néanmoins.

Il y a une courbe d’apprentissage, c’est certain, mais elle n’est pas exclusivement inhérente à la pandémie. De tout temps, les entreprises ont vécu des chocs et ont dû s’adapter. On ne peut jamais avoir de certitude car s’adapter c’est vivre une expérience nouvelle, vivre une situation qui est déstabilisante dans un premier temps, puis que l’on apprivoise et que l’on fait sienne.

C’est ce que nous sommes en train de vivre : nous apprivoiser à une situation pour en avoir moins peur. En cela, c’est un apprentissage au quotidien.

Le BrandNewsBlog : La mission d’EY, telle qu’elle est décrite sur votre site web, est « d’aider (vos) clients à résoudre leurs problèmes les plus complexes »… Avec la crise sanitaire et ses différents rebondissements, je pense que la plupart des entreprises ont été bien servies en terme de complexité ! De fait, avez-vous reçu de nouvelles demandes de la part de vos clients et si oui, de quelle nature ? Cette crise a-t’elle été plutôt défavorable ou bénéfique pour votre business ? J’imagine que les TPE/PME, comme les ETI et plus grandes structures, auront encore davantage besoin de conseil dans les prochains mois que par le passé ?

Emmanuelle Raveau : Notre rôle n’a pas changé pendant la crise ; rester présent et engagé aux côtés des entreprises et servir nos clients afin de les aider à appréhender de la meilleure manière leurs enjeux demeure notre quotidien. Face à la situation, les entreprises ont eu davantage besoin de décryptage sur les dimensions RH, les mesures fiscales mises en place par le Gouvernement, les éléments de stratégie afin d’anticiper au mieux la reprise d’activité.

Les équipes ont continué leurs travaux à distance dès lors que cela était possible.

Toutes les entreprises ont souffert et souffrent encore de cette crise. Selon l’activité et la taille, l’impact aura été différent et toutes vont apprendre de ce traumatisme.

Par ailleurs, nous avons constaté que les entreprises qui avaient déjà entamé des process de transformation ont été souvent mieux armées pour faire face à la crise.

Le BrandNewsBlog : On a beaucoup parlé, sur ce blog et dans les médias spécialisés, du rôle accru et éminent des communicants, qui ont été très sollicités durant les mois écoulés. Qu’on parle de communication interne ou bien de communication externe, les défis à relever étaient en effet majeurs. De quelle réussite êtes-vous la plus fière en ce qui concerne vos équipes ces derniers mois ? Et quels sont les enjeux qui se profilent en cette rentrée et les mois suivants pour les communicants ?

Emmanuelle Raveau : La communication a effectivement été accrue ces derniers mois. Les communicants ont davantage travaillé de pair avec leurs homologues des RH. Il a fallu être agile et transparent ; être empathique sans pour autant faire preuve de contagion émotionnelle. L’impératif de survie économique des entreprises, étroitement associé à la mise en place du dispositif d’activité partielle – un choc de plus pour un grand nombre de salariés – a été expliqué sans ambages.

Une forme de solidarité s’est vite exercée entre les collaborateurs demeurés à temps plein et ceux en activité partielle. Beaucoup ont spontanément proposé leurs services dans des domaines qui n’étaient pas forcément les leurs afin de répartir la charge de travail qui avait drastiquement baissé pour les uns et considérablement augmenté pour d’autres.

La crise que nous traversons nous oblige plus que jamais à repenser notre modèle économique, social et sociétal à l’aune de la durabilité. Nos réflexions, nos actions, nos services ne peuvent plus échapper à cette création de valeur à long terme par la société. En cela, il est à espérer que la crise aura accéléré ce changement de paradigme.

Je pense que tous les communicants (ou presque !) sont dans cette mouvance. La communication ne se fait pas ex-nihilo ; elle se construit sur le dialogue, les faits, les actions, le partage ; elle doit constituer un socle puissant et pérenne pour l’entreprise, ses collaborateurs et ses clients.

Aujourd’hui la Société souffre encore de trop d’une communication qui, au prétexte d’aller vite, se distord d’un media à l’autre, d’une bouche à l’autre et qui finit par constituer une arme de désinformation massive dont on connaît malheureusement les résultats. Dominique Wolton appelle cela la mécanique de la dévalorisation lorsqu’il parle du temps comme d’un défi majeur de la communication.

 Le BrandNewsBlog : En tant que Présidente de COM-ENT, le 1er réseau de communicants français, vous avez du également voir affluer de nombreuses demandes durant cette période, de la part de confrères/consœurs et de collègues… Comment l’association a-t-elle pu venir en aide aux communicants qui en avaient besoin et poursuivre ses missions ces derniers mois ? Sous quelle forme ? J’imagine que les canaux et outils numériques ont été largement utilisés, à défaut de pouvoir organiser des échanges « in real life » ?

Emmanuelle Raveau : L’ensemble des freelances, agences, institutions ou entreprises ont été impacté par la crise sanitaire. Certains s’en remettent lentement tandis que d’autres sont encore dans une situation complexe. L’Association aussi a souffert de la situation. Nos évènements ont été stoppés et nous avons dû repenser nos formats de rentrée, même si nous sommes conscients que tout peut encore changer.

Notre rôle a été de demeurer présent pour nos adhérents. Nous avons poursuivi le lien social et professionnel avec des Webcast, des temps d’échanges sur de nombreux sujets, notamment sur l’évolution de nos métiers.

Evidemment, le numérique a été le principal canal pour maintenir ce lien. L’ADN de l’association repose pour beaucoup sur ses évènements de convivialité. Nous souhaitons tous ardemment qu’ils puissent reprendre rapidement. Le numérique ne peut pas tout remplacer !

Le BrandNewsBlog : Il me semble qu’au sein de COM-ENT, vous aviez entrepris en début d’année de réfléchir sur l’évolution des métiers de la communication à l’horizon 2030… Qu’en est-il de cette réflexion : avez-vous pu la poursuivre ces derniers mois ? Et est-ce que la crise que nous traversons est de nature à modifier les scenarii sur lesquels vous aviez travaillé ? Qu’est-ce qu’une crise aussi durable et intense que celle que nous traversons va changer à nos métiers et à la fonction de dircom en particulier, selon vous ?

Emmanuelle Raveau : Le sujet est bien entendu toujours d’actualité. Et d’autant plus je dirai avec ce que nous avons vécu. Nous avons à la fois peaufiné et adapté nos réflexions qui devraient être présentés à partir d’octobre. L’idée est de publier mensuellement une fiction (qui pourra devenir une réalité…) et d’organiser en parallèle une rencontre pour approfondir le thème autour de quelques experts et de nos membres.

Les sujets de prospective répondent à une forte demande de nos adhérents. La fiction dépasse vite la réalité et y réfléchir amène évidemment à s’y préparer.

La communication est par essence une fonction dont le contenu et les modes de fabrication évoluent. Je suis convaincue que notre métier continuera d’évoluer vers encore plus de quête de sens et de responsabilité.

En miroir à la citation d’Isaac Newton (We build too many walls and not enough bridges), les communicants sont, plus que jamais, les artisans des ponts qui relient les uns aux autres, ici et ailleurs.

Le BrandNewsBlog : Après avoir défini sa raison d’être (« Building a better working world »), votre entreprise s’est résolument engagée à promouvoir un modèle de croissance « plus responsable et plus durable », dont votre Country Manager, Eric Fourel, analyse brillamment les enjeux dans ce texte, qui présente les 4 « mégatrends » qui devraient reconfigurer le monde de l’après Covid-19… Révolution numérique, transition climatique, évolution des équilibres géopolitiques, explosion démographique : en quoi pensez-vous qu’EY pourra contribuer positivement face à de tels défis ? Et ne pensez-vous pas que, crise économique aidant, les objectifs court-termistes des entreprises et le « business as usual » risquent de reprendre rapidement le dessus sur les belles déclarations d’intention et les nobles engagements sociétaux des entreprises ?

Emmanuelle Raveau : L’engagement est au cœur de l’ADN d’EY depuis longtemps déjà. Aujourd’hui, nos réflexions sur le monde de demain prennent une nouvelle dimension avec notamment des enjeux qui se sont renforcés ou ont fortement émergé ces derniers mois.

Notre groupe étant mondial, nous tirons de nombreux enseignements des enjeux culturels et économiques qui prévalent dans l’ensemble des pays. Cela nous offre un poste d’observation qui nous guide aussi dans nos réflexions aussi bien en France qu’en Europe.

Comme l’a dit notre Président en France, Eric Fourel, la respiration que nous aura imposé cette crise devrait nous inviter à penser demain avec une vision qui dépasse l’immédiateté, pour enfin nous concentrer sur le plus long terme.

La révolution numérique, déjà largement en marche, s’est accélérée et suscite déjà de nombreuses questions au premier rang desquelles celle de l’éthique. Le monde du travail est irréversiblement bouleversé avec, en creux, une précarisation possible de l’emploi ; la guerre sanitaire aura exacerbé les équilibres géopolitiques souvent fragiles au motif d’une (re)conquête de puissance économique.

Dans le contexte qui est aujourd’hui le nôtre, il est évident que rien ne doit être pensé comme avant. Le monde nous a envoyé un signal qu’il serait insensé de ne pas écouter.

Si le principe de ce que l’on qualifie « entreprise à mission » doit prévaloir plus que jamais, il ne doit pas être opportuniste et doit constituer un véritable engagement sur le long terme. Les jeunes générations nous y poussent fortement aussi, considérant que l’entreprise doit s’engager et devenir un terreau d’épanouissement et d’évolution professionnelle.

L’attractivité de l’entreprise doit être le reflet d’une quête de sens, que ce soit dans son modèle économique ou social.

Mais ce changement de paradigme demeure hautement corrélé à la reprise économique qui doit retrouver un rythme acceptable pour pouvoir permettre les engagements sur le long terme.

Le BrandNewsBlog : Que ce soit en tant que directrice communication et marketing d’EY ou bien en tant que Présidente du réseau COM-ENT, quels sont /seront vos priorités et objectifs principaux en cette rentrée ? Et pour les prochains mois ?

Emmanuelle Raveau : Il nous faudra continuer à faire preuve de résilience face à la situation tant sociale qu’économique. Beaucoup de défis nous attendent collectivement. La transformation est à nos pieds et il faut l’accompagner plus que la craindre. Elle est une chance pour assurer la pérennité de notre modèle économique et social.

Les objectifs premiers doivent d’abord nous amener à recouvrer une dimension économique stable afin de préserver l’emploi. C’est à mon sens le point qui appelle le plus d’attention dans les semaines et les mois qui nous attendent.

La crise amène son lot de malheurs et d’incertitudes mais elle nous amène aussi à repenser plus en profondeur notre rapport avec nos collaborateurs et nos clients. Que doit-on considérer comme essentiel pour favoriser la reprise ? Comment guider au mieux les uns et les autres pour accompagner un cercle économique, social et sociétal vertueux ?

La réponse à ces questions devra nous orienter vers davantage d’altruisme et de tempérance.

C’est aussi cette réflexion qui guidera nos actions de rentrée.

 

Notes et légendes :

(1) Article « La rentrée dans le viseur.. de Thierry Orsoni, directeur de la communication de Club Med » – 5 septembre 2020

Crédits photos et illustrations : EY, The BrandNewsBlog 2020, X, DR

Marketeurs et communicants : 10 tendances persistantes ou émergentes à prendre en compte en 2019 !

Péché mignon de tous les plumitifs de la communication et du marketing, la publication des tendances de l’année écoulée et de l’année à venir est un peu à nos métiers ce que le christmas pudding est à la gastronomie britannique : une tradition incontournable du mois de décembre !

Après la parution de moult articles et autres rapports plus pertinents et inspirés les uns que les autres – mais aux constats disparates – je ne pouvais résister à l’envie de vous livrer ma propre version, quintessence de ces différentes analyses et de mes propres observations.

Pour faire sobre et sans succomber au côté « putaclic » de l’exercice, je suis donc parti sur 10 grandes tendances, parce que c’est à la fois un chiffre rond et facile à mémoriser. Il va sans dire que j’aurais pu en citer davantage : l’accélération technologique et la transformation de nos métiers fournissent à elles seules une telle matière que je n’aurais eu aucun mal. Mais je ne voulais pas vous voir frôler l’indigestion…

Sursaut de la lutte contre les discriminations et avènement du brand purpose ; importance de la lutte contre les fake news et besoin d’authenticité ; fin de la communication top-down et envol du e-to-e et de l’employee advocacy ; professionnalisation et sophistication du marketing d’influence ; retour en grâce des contenus de qualité et du storytelling Les 10 tendances à découvrir en deux épisodes sur le BrandNewsBlog (ce dimanche pour les 4 premières et mercredi pour les 6 suivantes) étaient pour un certain nombre d’entre elles déjà en germe en 2017 et se confirment aujourd’hui. D’autres sont en revanche plus nouvelles et émergentes. Elles donnent en tout cas une bonne idée de la diversité et l’importance des enjeux auxquels les marketeurs.euses et communicant.e.s sont et seront plus que jamais confrontés demain.

Pour aborder au mieux 2019 – et les années suivantes – il s’agira par conséquent de faire preuve d’ouverture d’esprit et d’adaptabilité : soit tout le contraire de l’application de ces vieilles recettes marketing-com’ qui ont longtemps prévalu mais sont désormais largement dépassées…

Pour nous guider sur ce chemin et en guise d’aliment indispensable à ma réflexion, je tiens en particulier à remercier l’association de communicants COM-ENT, pour le précieux éclairage apporté par ses Grands Prix 2018 et son analyse poussée des enseignements qui en ressortent¹. Je distinguerai également parmi d’autres contributions passionnantes le travail effectué par l’institut Kantar² (« 12 tendances médias communication 2018 ») ou celui désormais bien connu mené année après année par Talkwalker³ et ses experts-invités (« 13 tendances digitales et social media 2019 »).

Bonne dégustation de ces tendances marketing communication 2019 donc, et comme d’habitude : n’hésitez pas à me faire part de vos commentaires et compléments, toujours bienvenus ! Car dans cette matière prospective encore plus que dans toute autre, nul n’a la science infuse, on le sait bien :-)

1 – Sursaut de la lutte contre les discriminations et avènement du brand purpose

Sans aucun doute boostées par l’ampleur du phénomène #MeToo et par un élan sans précédent dans la lutte contre les discriminations, les entreprises ne sont pas demeurées en reste sur ces thématiques en 2018, comme en témoigne le palmarès des Grands Prix décernés cette année par l’association COM-ENT.

Promotion de l’égalité femme-homme et dénonciation des préjugés sexistes, racistes, générationnels ou religieux, de même que des tabous sur le handicap ont ainsi rythmé l’année et de nombreuses campagnes de communication, internes ou externes. Exemplaires de cette tendance sont à cet égard la web-série égalité professionnelle hommes-femmes réalisée par l’agence WAT pour MBDA Systems ou la campagne « Eclairages » de GRTgaz mettant à l’honneur la diversité. Chacune a été récompensée, la première par un COM-ENT d’or, ex aequo avec la campagne #Maintenantonagit réalisée par TBWA corporate pour la Fondation des femmes ; la seconde par un prix d’honneur.

Et cette tendance ô combien vertueuse devrait assurément perdurer en 2019 et 2020, tant il y a hélas encore à faire sur le sujet des discriminations, les prises de parole des entreprises reflétant désormais une véritable prise de conscience qui dépasse enfin le champ de la marque employeur pour s’afficher comme une priorité d’entreprise, en particulier dans les secteurs dont l’activité est historiquement très masculine.

En écho à cet engagement, et peut-être aiguillonnées par les discussions autour de la loi Pacte et ses dispositions touchant la transformation responsable des entreprises et le statut « d’entreprise à mission », de plus en plus nombreuses ont été les organisations à affirmer ou réaffirmer cette année une mission sociétale au-delà de leur activité commerciale et de leur vocation marchande. C’est enfin – du moins je l’espère – la reconnaissance et l’avènement de ce brand purpose dont je n’ai cessé dans ces colonnes de répéter l’intérêt et l’importance pour les entreprises, tant il est vrai qu’une mission d’entreprise légitime et crédible demeure pour toute entité un des premiers leviers de motivation et d’engagement de ses collaborateurs.

Pourquoi, en effet, marques et entreprises ne pourraient-elles avoir pour ambition de prendre part à l’amélioration du monde ? C’est non seulement un bel axe d’engagement et de communication, mais surtout un devoir à l’heure où 60% des Français pensent que « les entreprises ont aujourd’hui un rôle plus important que les gouvernements dans la création d’un avenir meilleur », ainsi que le rappellent les contributeurs du blog We are com¹.

Engagées pour être engageantes, les organisations n’ont à mon sens d’autres choix que de réfléchir à cette mission sociétale et à ce brand purpose, qui constituera une des tendances majeures des années à venir à mon sens, et on ne peut que s’en réjouir !

2 – Importance de la lutte contre les fake news et besoin d’authenticité

A l’heure où les théories du complot et les conspirationnistes de tous bords font un carton sur les réseaux sociaux, certains d’entre eux recevant même un adoubement médiatique inespéré sur les plateaux TV de médias en quête d’audience, les fake news ou vérités alternatives n’ont hélas jamais eu autant le vent en poupe. Et représentent un vrai défi pour les entreprises tout autant que pour la démocratie, ainsi que le rappelle en substance Caroline Faillet, Chief Executive Officer du cabinet Boléro et auteure du tout récent « Décoder l’info : comment décrypter les fake news ? » aux éditions Bréal.

Ainsi, pour préserver leur réputation intacte contre des attaques externes et la malveillance d’adversaires souvent difficiles à identifier, mais également pour ne pas prêter le flanc elles-mêmes à la critique ou au relai de fausses informations, les entreprises devront-elles se montrer vigilantes et exemplaires.

Cette exemplarité passe notamment par un examen rigoureux de leur propres pratiques et cette prise de conscience que « l’acceptabilité sociale est une nouvelle contrainte à intégrer dans toutes leurs décisions de gestion, de la plus stratégique à la plus quotidienne » résume l’auteure de « L’art de la guerre digitale », son précédent ouvrage.

Cette nouvelle norme sociale à laquelle doivent se conformer les entreprises, au risque de voir sinon se mobiliser contre elles les internautes, repose sur des critères à la fois éthiques (santé, environnement, dignité humaine…) et des questions de perception, puisque le moindre fait et geste de l’entreprise est d’abord appréhendé à l’aune de l’émotion.

Il en découle que les fake news – et cette nouvelle légitimité sociale dont je viens de parler – demeureront des enjeux capitaux pour les organisations et leurs communicants en 2019 et au-delà. Les organisations devront également veiller à ne pas propager via leurs propres contenus ou des contenus tiers de fausses nouvelles, et arrêter de financer des sites ou médias diffusant des fake news (ce que trop d’annonceurs ont hélas fait pendant des années, ainsi que l’ont révèlé de nombreuses études sur les achats médias).

Dans ce contexte, qui coïncide également avec une exigence accrue de transparence et d’authenticité exprimée par les différents publics, avec un refus de la langue de bois et une appétence marquée des audiences pour des informations non retraitées (infographies épurées, vidéos « à la Brut »…), il est plus important que jamais que les entreprises veillent à la sincérité, à l’exactitude et à l’authenticité de leurs messages.

3 – Fin de la communication « top-down », envol du « e-to-e » et de l’employee advocacy

On comprend, à la lecture des deux tendances précédentes, que la « communication de papa » à la fois unilatérale et « top-down » est complètement révolue et inadaptée aux nouveaux enjeux.

De cette communication descendante, ripolinée et autosatisfaite, privilégiant les messages grandiloquents et les visuels ultra-léchés des banques d’image à la simplicité des faits, les publics ne veulent plus ou le moins possible.

Et, avec la quête d’authenticité, ce sont de vrais gens et de vraies situations que se nourrissent désormais les communications des entreprises, qui capitalisent au maximum sur les témoignages « sans édulcorant » et un discours de sincérité. En témoignent les innombrables campagnes et publications vues cette année, mettant le collaborateur à l’honneur et au centre du récit de l’entreprise.

Guest-star plus « bankable » que jamais, le collaborateur est ainsi accommodé à toutes les sauces, au cœur de dispositifs de communication aussi bien internes qu’externes, que ce soit en mode « figuration » ou plus souvent en tant qu’acteur/actrice d’un discours d’authenticité sur l’organisation. La campagne « Génération 3F » primée par COM-ENT et dans laquelle les collaborateurs et collaboratrices expriment clairement ce qu’ils aiment et ce qu’ils aiment moins et pourquoi ils ont rejoint 3F en est un bel exemple.

Meilleur atout de la marque employeur, pour convaincre de futures recrues de rejoindre l’entreprise dans le cadre de dispositifs « e-to-e » ou « employee to employee », le collaborateur est aussi sollicité de plus en plus fréquemment comme ambassadeur digital de l’organisation, dans le cadre de politiques d’employee advocacy ambitieuses. Sur ce sujet, cet article récent du BrandNewsBlog et mon interview croisée de Benoît Cornu (Elior) et de Kate Phillips (Faurecia), démontrent bien les progrès importants accomplis dans la dernière année par beaucoup d’entreprises, dont 94% des dircom ont déjà entrepris ou ont prévu de lancer prochainement une démarche d’employee advocacy.

4 – Professionnalisation et sophistication du marketing d’influence 

L’utilisation d’un influenceur ou d’une influenceuse numérique serait-elle en passe de devenir LE nouveau Graal des marques et des entreprises, que ce soit en B2B ou B2C ?

Après des débuts plus que timides et laborieux, il semblerait bien en tout cas que le marketing d’influence ait pris une toute autre dimension avec le développement de l’influence numérique. Dixit les membres du Think Do Tank Digital et Innovations de l’association COM-ENT : « L’influence a de tout temps existé dans les stratégies de communication, mais elle n’était pas jusqu’alors la dimension la plus valorisée par les entreprises. L’explosion du numérique, l’impact du Web et des réseaux sociaux ont changé la donne, faisant de l’influence numérique une véritable discipline pratiquée… il faut bien le dire avec plus ou moins de réussite ».

Et même si les dircom reconnaissent en être pour la plupart au stade exploratoire et que les marques « tâtonnent encore, cherchent et testent », les opérations et coopérations se multiplient avec des influenceurs plus ou moins connus, youtubeurs et youtubeuses en tête. Et si les secteurs de la mode ou des cosmétiques, ainsi que du divertissement et des loisirs ont une réelle avance sur le sujet, il est intéressant de voir des entreprises telles que Sofinco ou Isagri recourir avec succès à des stars du net, pour rendre le crédit conso plus sympa pour la première ou pour attirer des développeur à Beauvais pour la seconde.

Mais la palme de l’opération la plus audacieuse et la plus réussie dans le genre, d’après l’association COM-ENT, revient sans doute en 2018 à la MAAF, avec sa campagne virale pour la prévention de l’alcool et de la drogue au volant, qui sort des codes habituels et fait mouche, grâce au youtubeur Axel Lattuada, très apprécié de la cible des 18-24 ans.

Dans ce domaine, la véritable maturité (encore à venir pour la plupart des entreprises) et la prochaine étape, consisteront sans doute à mesurer en toute objectivité de part et d’autre – pour l’influenceur et pour la marque – le bénéfice final en terme d’image et de business pour la seconde, et le bénéfice en terme de recrutement pour le premier, afin de pérenniser les collaborations tout en respectant l’univers et le ton des influenceurs.

Mais ainsi que le faisait observer récemment avec humour l’expert social media Jonathan Chan, le marketing de l’influence est loin de se limiter aux collaborations avec des youtubeurs stars, et la professionnalisation et la sophistication de la discipline, palpables au sein des agences comme des annonceurs, passe aussi par la concentration sur d’autres relais, tout aussi efficaces en terme d’engagement : les micro-influenceurs, nano-influenceurs (auxquels j’avais consacré cet article)… et bientôt les « pico- » ? Jonathan Chan s’étonne dans son tweet ci-dessous du nombre de segments d’influenceurs proposé lors d’une présentation par le cabinet Digimind… Mais cette segmentation montre bien en réalité le degré de maturation grandissant des professionnels, et le chemin restant à parcourir pour les marques et les entreprises pour embrasser tout le champ et toutes les perspectives prometteuses de l’influence digitale.

Pour en lire davantage sur ces opportunités et la nouvelle frontière du marketing d’influence, je vous renvoie d’ailleurs à cet article du BrandNewsBlog et aux propositions enthousiasmantes de Brian Solis, que j’avais analysées…

5 – Retour en grâce/en force des contenus de qualité et du storytelling

Si les contenus de marque à faible valeur ajoutée créative et informationnelle se sont hélas multipliés exponentiellement ces dernières années, dans une sorte de couse à l’échalote éditoriale sensée répondre au besoin des médias sociaux et à la frénésie des fils d’actu – au point qu’on parle de « snacking content » pour désigner ces productions formatées et sans saveur à consommer sur le pouce – 2018 semble montrer une inflexion notable de la part des marques.

Certaines d’entre elles, s’il ne s’agit pas encore d’une majorité, paraissent avoir enfin compris l’intérêt de revenir à des productions plus réfléchies et qualitatives et à de véritables partis pris éditoriaux. Ces choix structurants s’accompagnent en général d’une réinvention des codes et d’un retour en force du storytelling, avec l’alternance de formats courts et de formats longs dans les récits et l’amorce de schémas narratifs plus structurés, propres à susciter l’émotion et à capter l’attention des publics.

Parmi les productions éditoriales remarquables de l’année, que ce soit en communication externe ou en communication interne, l’association COM-ENT a ainsi remarqué le très beau support papier réalisé par AccorHotels et qui invite à rencontrer celles et ceux qui font vivre ses hôtels, en racontant de manière sensible leur quotidien. Autre bel objet print, le reportage « Au cœur de la machine » dessiné par deux auteurs en immersion dans une raffinerie de Total constitue un projet à la fois valorisant pour les collaborateurs, original et décalé, qui témoigne d’un engagement pédagogique fort de la marque et d’une volonté de réinventer les codes de la com’ interne : une approche récompensée par un COM-ENT d’or.

Pour les membres du Think Do Tank Prospective de l’association de communicants, ce regain d’intérêt pour le print est tout sauf un hasard : « A l’heure du tout digital, nous observons un retour en force du bel objet print, qui raconte une histoire en prenant son temps, en faisant le tour de la question, en invitant toutes les parties prenantes à venir s’y exprimer. C’est une pause structurante dans la frénésie du fil d’actu et un choix constructif et aspirationnel de la part des entreprises. C’est aussi le signe d’une reconnaissance et d’une attention particulière qu’elles donnent à celles et ceux qui sont destinataires de ces livres, de ces magazines, de ces ovnis pour certains ».

Et tandis que les unes ciblent leurs collaborateurs, les autres leurs clients – et parfois les deux, comme dans ces rapports annuels audacieux que nous avons pu voir cette année, les entreprises n’hésitent plus à dévoiler leurs coulisses et à jouer sur la corde sensible de l’émotion. Dixit Sarah-Pearl Bokobza et Séverine Lecomte* : « Pour marquer les esprits et rendre leur marque inoubliable, les entreprises jouent la carte du tendre et de l’intime, de l’accueil chaleureux des lecteurs.rice.s dans leur univers. Avec un contenu riche, une forme de ‘tout en un’ qui réinvente les codes en proposant un mix gagnant entre formats courts et histoires longues, entre les faits et les gestes, entre le process et l’humain, entre anecdotes et stratégie… De quoi garder leur lectorat éveillé et en alerte. »

6 – Triomphe de l’UX, de la personnalisation, des technologies immersives et du live

Certes, ce n’est pas aujourd’hui que les entreprises ont commencé à s’intéresser à l’expérience client/collaborateur. Et au-delà de ce « marketing expérientiel » dont on nous rebat les oreilles et de la quête ultime de cet « effet waouh » sensé tout renverser sur son passage, c’est à un travail de fond sur leurs points de contact et leurs parcours clients/candidats que se consacrent désormais un nombre croissant d’organisations, bien aidées par les outils et nombreuses opportunités offertes par le digital.

Désormais au cœur de toutes les stratégies marketing et de communication, l’UX et la personnalisation sont en effet partout prégnantes, avec des objectifs ambitieux de retour sur investissement et de réels moyens consacrés à la rationalisation des parcours.

Dans cette approche sans cesse plus mature de la dimension expérientielle – et quel que soit d’ailleurs l’objectif recherché (acquisition, fidélisation ou génération de leads) – les données et les contenus viennent nécessairement nourrir les dispositifs et les entreprises ont enfin compris l’importance d’enrichir et de personnaliser au maximum l’information délivrée à chaque étape, en veillant également à simplifier au maximum les interactions avec les utilisateurs de leurs sites et de leurs applis.

Parfaite illustration de ces efforts concrets et payants, les membres du Think Do Tank Digital et Innovations n’hésitent pas à citer en exemple le nouveau hub mis en place par la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP), pensé par typologies d’utilisateurs et conçu avec eux dans une logique UX. Marquante également, la refonte réussie du site carrières du groupe La Poste fait la part belle à l’UX et à la personnalisation en proposant pas moins de 4 entrées et 4 parcours digitaux bien distincts en fonction du profil des internautes, affranchissant les chercheurs d’emploi de toutes les étapes superflues dans l’atteinte d’un job sur-mesure et mettant à leur disposition chatbot, quizz d’orientation ou social wall pour une expérience 100% personnalisée et interactive.

Plus que jamais immersifs, interactifs et conversationnels, les dispositifs de communication digitale les plus marquants de 2018 font aussi la part belle aux nouvelles technologies : réalité augmentée, VR, assistants virtuels… tandis que le besoin de lien, d’authenticité et d’interaction s’est traduit par un fort développement du live, dont l’usage s’est largement diversifié. Au-delà des défilés de grandes marques de mode et autres grands messes diffusés en direct sur Twitter par Free ou par Apple, on notera dans ce registre les initiatives originales d’Auchan Retail, organisateur d’un défilé diffusé sur Facebook ou bien encore ce comité de direction exceptionnel diffusé en live par le groupe EDF pour tous ses collaborateurs…

7 – Prise de conscience de l’importance de la data, nouvel « or noir » du marketing

Qui dit personnalisation accrue des parcours et des contenus proposés aux diverses parties prenantes dit évidemment données. Et de ce point de vue, 2019 et les années à venir devraient enfin voir l’avènement de l’entreprise « data driven », dans laquelle les multiples points de contact sont pilotés en utilisant la donnée en amont et en aval, pour garantir une relation fluide, optimale et engageante avec les publics internes et externes.

Plus qu’une tendance, la maîtrise de la donnée est en définitive une nécessité dans des univers à la fois hyper concurrentiels et où la volatilité du client est plus forte que jamais. Fondateur de Faber-content.com, Fabrice Frossard estime d’ailleurs que « le combo gagnant à l’avenir sera celui d’une donnée finement exploitée et de la créativité pour affirmer sa différence dans des univers balisés et banalisés. »³

Co-fondateur de Talkwalker, Christophe Folschette est tout aussi optimiste en estimant quant à lui qu’à partir de 2019, les entreprises reprendront résolument la main sur leurs données : « Le monde change tellement rapidement que les entreprises doivent gérer leurs données plus efficacement. En alignant leurs KPIs clés à tous les aspects de l’entreprise, avec des benchmarks clairement définis ainsi que des sets de données, elles pourront développer leur business. Nous verrons également que les sociétés se concentreront plus sur la maturité de leur social data. Les marques devront apprendre à gérer l’entièreté de leur Big Data, au risque d’être noyées sous des KPIs et métriques sans valeur ajoutée. »

CQFD… Nouvel or noir pour les entreprises, au cœur de la fameuse « transformation digitale » dont on nous parle tous les jours, la data n’a donc pas fini d’être collectée, stockée et analysée et nous n’en sommes de ce point de vue qu’au milieu du gué, en attendant l’avènement d’une ère de la donnée 100% utile et systématiquement exploitée pour le bien-êre et la satisfaction de chacune des parties prenantes de l’entreprise.

8 – Irruption irrésistible de l’IA…

En tête de gondole des sujets les plus abordés dans la presse professionnelle en 2018, l’IA a un peu été (mal)traitée à toutes les sauces cette année et a fait les choux gras d’une kyrielle d’experts tous mieux informés les uns que les autres…

Et pour cause : ainsi que l’expliquait dans les colonnes de ce blog l’éminent professeur Niraj Dawar, tous les plus grands géants de la technologie ont désormais lancé leur propre plateforme d’IA et le domicile des usagers est déjà en voie de colonisation accélérée par leurs assistants virtuels.

Enceintes Echo et assistant vocal Alexa d’Amazon, enceinte Google Home et assistant vocal de Google, HomePod d’Apple, assistants IA Cortana et Xiaowei pour Microsoft et Tencent : chacun des grands acteurs présents sur le marché a déjà équipé des dizaines de millions de foyers… et le mouvement s’est encore accéléré cette fin d’année, avec notamment l’annonce par Free du choix d’Alexa comme assistant vocal sur sa nouvelle Freebox Delta, ou l’annonce de l’intégration d’Alexa dans la nouvelle enceinte connectée d’Orange. Une course à l’IA dont les industriels européens sont hélas totalement absents, n’ayant su imposer une solution viable de plateforme IA parmi celles des grands acteurs évoqués ci-dessus, tandis qu’un vaste mouvement de concentration entre la douzaine de concurrents déjà présents est à attendre d’après tous les experts dans les 5 à 10 prochaines années.

L’enjeu : conquérir au plus vite une place auprès d’un maximum de consommateurs pour imposer ensuite définitivement sa solution IA comme le tiers de confiance privilégié entre ces usagers et les marques.

Car ne nous y trompons pas, même si de par leur niveau de performance actuel – encore largement perfectible – les plateformes IA et autres assistants vocaux ou virtuels sont encore loin de répondre avec fiabilité à toutes les questions et besoins de leurs utilisateurs, il ne s’agit plus que d’une question de temps avant qu’elles ne s’imposent définitivement comme intermédiaires auprès des consommateurs et que plus personne ne puisse s’en passe. Et ainsi que le résume Niraj Dawar, à terme, « la plateforme IA recueillera et transmettra l’information, tandis que l’assistant virtuel sera l’interface de l’usager avec ses installations domestiques, les différents appareils et autres dispositifs. » […] Et par dessus tout : « Les assistants IA minimiseront les coûts et les risques encourus par les usagers ; ils offriront également un confort d’utilisation inégalé. Ils veilleront à ce que les achats de routine parviennent sans encombre jusqu’aux différents foyers – comme la fourniture d’eau et l’électricité – et ils géreront les décisions d’achat plus complexes en apprenant à connaître les critères des consommateurs et en optimisant les compromis que ceux-ci sont prêts à faire ».

On comprend dès lors que tout le battage médiatique fait autour de l’IA – dont je viens ici de ne mentionner qu’une des applications – n’a rien à voir avec une effet de mode et que cette technologie révolutionnera bel et bien les pratiques des professionnels du marketing et de la communication…

9 – Emergence et enjeux du social selling pour les entreprises et pour les marques

Encore balbutiantes de ce côté-ci de l’Atlantique, où l’advocacy a souvent d’avantage pour but de soutenir la réputation des entreprises que leur business, les techniques du social selling devraient néanmoins se professionnaliser et être de plus en plus plébiscitées parmi les pratiques des entreprises et des marques à partir de 2019.

Et pour Julie Albenque, consultante et formatrice en stratégie digitale, cette évolution est inéluctable : « Attendez-vous à ce que le cycle d’achat évolue radicalement l’année prochaine. Avec l’intégration de l’achat au sein des stories Instagram et de Facebook messenger par exemple, ou l’augmentation des avis vérifiés, vous devrez adapter votre marketing social pour activer des ventes directes ». Et il est bien certain que « grâce à une stratégie social media bien pensée, les marques pourront toucher les consommateurs lors des différents moments du parcours client : les fameux « Touch Points », aussi bien en amont du processus d’achat, que pendant ou après ».

Critères primordiaux du choix et de la fidélité à une marque, la qualité des produits et services devraient dans ce contexte demeurer des atouts clés. Mais il est aussi tout à fait certain que le consommateur s’attachera de plus en plus à la pertinence des contenus qui lui sont proposés à chaque étape du cycle d’achat et à la capacité d’une marque à être créative et à capter son attention, sur les réseaux sociaux notamment.

Dans cette optique, tout l’enjeu pour les marques sera donc d’utiliser l’éventail des possibilités offertes par les nouvelles technologies pour créer du contenu à la fois pertinent, personnalisé et différenciant, qui répondra parfaitement au besoin des consommateurs à un instant t. Un défi de taille, mais qui est constitue tout l’enjeu du social selling, d’où la nécessité de l’appropriation de ses techniques par les entreprises et leurs équipes commerciales, en particulier.

10 – Besoins de nouveaux outils, de nouvelles organisations et d’une véritable éthique de la communication et du marketing

On le voit : ainsi que je le notais en introduction, les défis pour les marketeurs et les communicants sont plus nombreux et diversifiés que jamais à l’orée de la nouvelle année qui se profile. Et l’ouverture d’esprit et l’adaptabilité sont et seront primordiales pour réussir dans nos métiers, en gardant un œil sur l’évolution rapide des besoins de nos publics et l’autre sur l’émergence accélérée des nouvelles technologies, qui requiert des efforts inédits d’acculturation de la part des entreprises et des marques.

Transformation numérique, formation et auto-formation… les professionnels doivent non seulement être capables d’assimiler les nouveaux codes et d’utiliser les nouveaux outils, mais ils doivent également être en mesure de sélectionner les KPI les plus pertinents pour mesurer en permanence le ROI de leurs actions, avec ce souci de piloter efficacement leur activité et de délivrer des indicateurs compréhensibles et aisément appropriables par leurs interlocuteurs au sein des entreprises.

L’évolution continue des modes de fonctionnement et des organisations, pour répondre à ces nouveaux défis, devient presque partout une nécessité pour des directeurs de la communication et du marketing plus que jamais en quête de d’autonomie, de réactivité et de polyvalence de la part de leurs équipes.

Ainsi, dans les profils comme les organigrammes, dimensions interne et externe des missions tendent de plus en plus à se confondre, tandis que la quête de l’engagement des parties prenantes et la maîtrise des leviers d’influence deviennent des compétences cardinales, de véritables « directions de l’engagement » ayant ici et là tendance à se substituer aux traditionnelles directions de la communication, ou à venir les compléter le cas échéant.

Brand newsrooms, social rooms : celles et ceux qui le peuvent n’hésitent pas non plus à mettre en place de nouvelles équipes ou de nouveaux dispositifs pour répondre aux nouveaux besoins en matière de veille et de production de contenus, tandis que les organisations les plus mâtures regardent également comment rendre les pratiques de la communication plus éthiques et responsables, à l’image du groupe EDF, signataire fondateur en début d’année 2018 du Programme FAIRe de l’Union des Annonceurs, une charte qui s’attache à promouvoir des pratiques plus vertueuses en terme de marketing et de communication, et qui a été traduite en interne sous la forme d’une soixantaine d’engagements précis à respecter par tous les communicants d’EDF : un engagement complètement en ligne avec le soucis d’éthique, de transparence et d’authenticité dont je faisais mention ci-dessus en début d’article, et avec la lutte contre les fake news qui en est un des volets…

 

 

 

Notes et légendes :

(1) L’intégralité des Prix attribués par l’association COM-ENT dans le cadre de ses 32èmes Grand Prix est consultable dans le Mag’ des grands prix n°8, « Les trending tropics ». De nombreux décryptages y sont proposés : par les membres du Think Do Tank Prospective de COM-ENT ; par les membres du Think Do Tank Digital et Innovations ; par les membres du réseau « Toutes femmes toutes communicantes »; par Laurence Rousseau de l’association Meet in et par les contributeurs du blog We are com’.

(2) « 12 tendances médias communication 2019″ – Institut Kantar, WPP (6 décembre 2018)  

(3) « Stratégie digitale et réseaux sociaux : 13 tendances à surveiller en 2019″ – par les contributeurs-invités de Talkwalker (27 novembre 2018)  

 

Crédits photos et illustrations : 123RF, The BrandNewsBlog 2018, X, DR.

 

 

La rentrée dans le viseur de… Laurence Beldowski, directrice générale de l’association COM-ENT

Hyper dynamique, à l’image de la première organisation professionnelle de communicants et de communicantes françaises,   dont elle est la directrice générale, Laurence Beldowski a bien voulu répondre à mes questions, pour cette quatrième interview de ma série spéciale #5ansduBrandNewsBlog… Et je l’en remercie chaleureusement !

Il faut dire qu’à la veille de cette rentrée des classes communicantes, l’association COM-ENT fourmille déjà d’idées et de projets… Et il était tout naturel que j’aille voir de ce côté ce qui était en train de se préparer en cuisine.

Au menu (toujours aussi appétissant) : la 32ème édition des Grands Prix COM-ENT de la communication, le 22 novembre prochain au Cirque d’Hiver Bouglione bien sûr… Mais avant, cela, un calendrier bien rempli et une foultitude de rendez-vous plus intéressants que les autres. A commencer par une table ronde sur les clés de la réussite des indépendant.e.s début septembre et la sortie attendue de« China UP ! : le guide de survie des pro de la com’ française en Chine », entre autres…

Mais jamais en panne d’idée ni d’énergie, Laurence Beldowski est également très engagée dans le combat pour l’égalité et la mixité, dont le réseau « Toutes femmes, toutes communicantes » est également porteur au sein de COM-ENT.

Je ne vous en dis pas plus : merci encore à Laurence de ses éclairages et de cette interview qui nous excite déjà les papilles :-)

Le BrandNewsBlog : Bonjour Laurence. Je ne sais pas si vous avez pu prendre quelques jours ou semaines de congés cet été mais si tel a été le cas, avez-vous pu vous offrir un vrai « break digital » ou bien êtes-vous resté connectée, comme semblent le faire de plus en plus de Français ?

Laurence Beldowski : Une déconnexion totale ? Impossible … mais il était temps pour ces vacances de couper avec les réseaux sociaux pro. J’ai désactivé mes notifications, car elles attisent bien trop ma curiosité, et une fois connectée (surtout sur Twitter et Linkedln), on replonge de facto dans le boulot ! Mais j’avoue un petit coup d’œil à mes mails de temps en temps… histoire de ne pas être submergée à la rentrée, mais aussi de ne rien laisser passer d’important !

Le BrandNewsBlog : Dans l’actualité de cet été justement, quelles ont été les informations qui vous ont le plus marqué, et pourquoi ?

Laurence Beldowski : Je me suis complètement coupée de l’actualité pendant ces vacances (d’autant plus facilement que j’étais à l’étranger). Il faut dire que les informations estivales m’agacent profondément. En écoutant la radio ou en lisant la presse, on a l’impression que curieusement, même les guerres, les tensions internationales ou l’économie ont fait une pause. Et surtout je ne veux pas de news de la sphère com… sinon, je phosphore déjà à la rentrée et aux nouveaux projets à venir ;-)

Il y a cependant une info marquante pour cette rentrée, c’est la démission de Nicolas Hulot, que j’ai entendu en direct sur France Inter mardi. C’était désarmant. Il l’a expliqué clairement: sa démission nous concerne toutes et tous. Ce combat pour l’écologie n’est pas qu’une affaire politique, et c’est aussi parce qu’il n’est pas suivi par la société toute entière qu’il baisse les bras aujourd’hui. Le désarroi qu’il a partagé à ce moment précis m’a particulièrement touchée en tant que militante de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce sentiment d’impuissance lorsqu’on défend une cause est tellement fort à certains moments… Et comment ne pas l’être sur un sujet aussi crucial que celui de l’avenir de notre planète ?

Le BrandNewsBlog : Et dans le domaine de la communication, quels vous paraissent être les enseignements importants ou tendances à retenir de cette période estivale ? L’actualité est restée très soutenue sur la scène politique et la victoire à la Coupe du monde de football en juillet ne semble pas avoir eu le même effet d’entraînement sur l’économie et les annonceurs qu’en 1998, avec des retombées beaucoup plus limitées dans le temps ?

Laurence Beldowski : Une tendance qui est bien loin de n’être qu’estivale, et nuit profondément à la réputation de notre métier : le fameux « coup de com’ » ou le « c’est de la com’ » utilisé très régulièrement par nos amis journalistes ou par les hommes et femmes politiques.
Dans ces deux cas, le mot communication perd son sens initial, et toute sa fonction stratégique. Elle devient le synonyme de « manipulation » ou évoque l’inutile, le futile.

Dans un premier temps, ces expressions étaient utilisées surtout à l’oral, mais on les retrouve de plus en plus dans les journaux et sur les réseaux sociaux. Il va être temps pour les communicants et communicantes de mener une grande action pédagogique auprès de tous nos détracteurs, mais aussi du grand public ! La communication est ô combien nécessaire à notre société, ce n’est pas une simple question de réputation…

Le BrandNewsBlog : Pour COM-ENT, 1ère organisation professionnelle de communicants et de communicantes en France, quelle actualité et quels nouveaux rendez-vous pour cette rentrée ? J’ai vu que vous organisiez notamment, dès le mardi 4 septembre, une table ronde sur les clés de la réussite des indépendant.e.s. Quelle en seront le contenu et l’ambition ?

Laurence Beldowski : L’actualité est toujours riche chez COM-ENT, ponctuée en effet de nombreuses rencontres destinées à nos adhérent.e.s et au delà à tous les pro de la communication.

Deux sujets marquant pour cette rentrée :
Le 4 septembre, nous démarrons par une table ronde consacrée à l’ambition et au développement du business des Indépendant.e.s. Cette rencontre permettra d’explorer différents modèles, grâce à différents témoignages. De nombreuses clés de réussite seront en effet proposées. C’est également une excellente opportunité pour notre réseau de freelances d’échanger et de confronter leurs expériences.

Le 21 septembre, COM-ENT s’ouvre sur l’international, avec la sortie tant attendue de « China UP ! : le guide de survie des pro de la com’ française en Chine ». Nous avons suivi la trace d’une trentaine d’agences françaises parties récemment s’installer en Chine. Qui, pourquoi, et surtout comment les pros de la com’ française pratiquent-ils/elles leur expertise en Chine aujourd’hui ? Un décryptage du business de l’empire du Milieu pour permettre d’en comprendre les usages.

Le BrandNewsBlog : Parmi les différentes associations professionnelles existantes, vous avez pour spécificité de vous adresser à une cible très large, qui va de l’étudiant au communicant confirmé, du free-lance au dircom de grandes entreprises, de l’adhérent individuel à l’école ou l’entreprise, de l’annonceur aux agences… Cette ADN très « œcuménique » représente-t’il un frein ou un atout, en terme de lisibilité de vos actions notamment ?

Laurence Beldowski : Vous nous connaissez parfaitement, cher Hervé ! C’est une question que l’on nous pose souvent. Cet œcuménisme est un formidable atout pour représenter toutes les communicantes et communicants de France. Ensemble, nous défendons la dimension stratégique de nos métiers, et la valeur qu’elle produit pour les organisations.

Qu’elle vienne des entreprises (privées comme publiques), des agences (spécialisées, généralistes et de toutes tailles) ou des free-lance, la communication a une expertise et des valeurs à mettre en avant, voire même à défendre. Elle réunit aussi bon nombre d’acteurs et d’actrices, comme les écoles et universités, les sociétés d’études spécialisées… qui ont un rôle capital à jouer, et qui la font monter en puissance. Et c’est bien la parole de tous ses professionnel.les réuni.es qui a du poids.

Au sein des groupes de travail, ils produisent des recommandations pour la faire reconnaître et évoluer, et aussi accompagner les adhérent.es sur des sujets variés. Tout ce qui émane de COM-ENT est issu du travail de collectifs où sont représentés nos différentes communautés. Chez COM-ENT, les échanges et débats se font au quotidien, pas besoin de solliciter les autres associations pour confronter les points de vue. Mais attention, consensus ne veut pas dire neutralité ou passivité. Nous avons de réels engagements pour notre profession.

Le BrandNewsBlog : Votre organisation reflète assurément cette grande diversité de publics et la variété de vos missions : vous parlez d’ailleurs avec humour sur votre site du « schmilblick » de votre orga, avec d’une part des « think-do tanks » (Emploi / Digital / Prospective), 5 réseaux (Dircoms / Agence / Indépendant.e.s / Start in Com / Toutes femmes toutes communicantes) et 3 pôles de contenus. Comment cela fonctionne-t-il est quelle en est la gouvernance ? Au final, quel est la vocation première de COM’ENT et sa forme actuelle est-elle encore susceptible d’évoluer ?

Laurence Beldowski : L’humour et la convivialité sont essentiels chez COM-ENT, ce « schmilblick » est en réalité très organisé ;) Nous avons revu notre projet stratégique, qui s’est incarné par trois changements majeurs et visibles en 2017/18 : le changement de nom, d’identité visuelle, et la sortie de notre hub digital com-ent.fr.

Trois grands piliers nous définissent et guident toutes nos réflexions et actions : la connaissance, le « faire connaissance » et la reconnaissance. Nos Think-Do Tank, toujours composés d’adhérents et adhérentes issu.e.s de toutes les communautés, réfléchissent, selon leur spécificité, soit à des sujets d’utilité pour l’exercice de notre profession, soit à l’avenir de nos pratiques et de notre écosystème, soit, avec l’intitulé « Carrière et Emploi », à l’évolution de la fonction communication, et à la recherche d’emploi des communicant.e.s.

Les 5 réseaux rassemblent et animent nos adhérent.e.s par leur spécificité. Fonctionner à certains moments par réseau permet d’avoir des discussions plus ciblées et spécifiques. Par exemple, le réseau des dircoms se réunit une fois par mois environ : soit sur une thématique qui leur est propre, soit dans un moment de convivialité qui leur permet d’aborder leurs problématiques de façon plus confidentielle. Ces rencontres permettent également de développer son réseau d’entraide.

Ensuite, pour orchestrer nos réflexions et leurs contenus, nous avons trois pôles pour les mettre en œuvre via trois canaux : nos évènements, et nous en organisons 4 à 5 par mois ; le Hub sous forme d’articles ou de résumés des productions plus développées des Think-Do Tank ; ou par le biais de l’influence, par les médias, des partenariats que nous menons avec d’autres associations en communication ou autres secteurs d’activité.

Notre nouveau Hub (com-ent.fr), reflète parfaitement notre nouveau positionnement, en donnant plus de visibilité et d’échos à nos contenus, et un porte-voix pour tous les communicants et communicantes qui participent à l’évolution de notre profession. Il est le carrefour de nos réseaux, bientôt aussi par le biais de nos annuaires dynamiques et déjà par notre nouveau job board.

Après cette longue explication, je vous l’avoue, notre vocation tient en une ligne : « démultiplier la valeur des communicantes et communicants », et si on la prend au sens large, on pourrait ajouter « et de la communication ».

Le BrandNewsBlog : Qu’apportez-vous aux professionnels et aux entreprises que n’apportent pas (ou moins) à votre avis les autres associations et syndicats professionnels?

Laurence Beldowski : Notre spécificité par rapport aux autres associations et syndicats de la communication, c’est la diversité des profils que nous rassemblons. Je vous l’ai expliqué précédemment, la richesse des regards croisés se fait au quotidien. Et elle permet aussi de trouver des partenaires, que ce soit des confrères, avec qui échanger sur les mêmes sujets, ou des clients ou prestataires avec qui travailler sur des points d’expertises souvent testés au sein des groupes de travail.

Cette approche, nous l’appliquons également lors de nos Grands Prix. C’est l’occasion rêvée pour faire se rencontrer les différents acteurs et actrices de l’écosystème de la communication, avec un objectif commun : valoriser le travail conjoint des équipes des entreprises avec celles des agences ou des freelances.

Le BrandNewsBlog : Vous êtes, à ma connaissance, l’organisation professionnelle de notre secteur la plus engagée en terme d’égalité, avec la création d’un réseau dédié (« Toutes femmes, toutes communicantes ») depuis plusieurs années déjà, et une volonté affichée de faire bouger les choses (tous vos supports de présentation respectent notamment les règles de écriture dite inclusive, pour commencer). Pouvez-vous retracer pour nous l’historique de cet engagement et quels en sont les objectifs ? Pourquoi ce combat vous tient-il personnellement autant à coeur (cf à ce sujet également cet article sur l’étude que vous avez conjointement publiée en 2018 avec l’agence Proches) ?

Laurence Beldowski : Merci Hervé de le souligner, effectivement nous sommes les pionnières sur ce sujet. Nous avons créé ce réseau « Toutes Femmes, Toutes Communicantes » sur un constat très simple : les communicantes, présentes dans nos groupes de réflexions, aussi brillantes soient-elles, ne progressaient que très peu dans leurs entreprises ou agences.

Soutenue par un petit groupe d’irréductibles, nous avons donc lancé le réseau sur trois principes : le partage, l’activation des potentiels, et depuis deux ans la lutte contre les clichés sexistes dans la communication. Nous proposons un réel accompagnement pédagogique des professionnel.le.s sur ces sujets avec notre kit pour une communication non sexiste (téléchargeable sur com-ent.fr/tftc), que nous avons conçu en collaboration avec le Ministère des Droits des femmes de Laurence Rossignol, en 2017.

Le succès de nos actions, jusqu’à l’organisation d’un colloque pour la Ville de Paris, « Pour un Paris sans pub sexiste » nous montre à quel point la communication a un vrai rôle à jouer dans les grands changements sociétaux. Et les pro veulent prendre part non seulement aux débats, et faire preuve d’exemplarité, mais s’y investir pleinement. Ce réseau, et son très dynamique comité de pilotage, composé d’hommes et de femmes, a encore de nombreux projets en réserve et prépare de belles surprises pour la nouvelle saison.

J’ai fait des rencontres fabuleuses liées à la défense de cette cause, notamment au sein du collectif Ensemble contre le Sexisme, où 30 associations très variées s’allient pour dénoncer et lutter contre le sexisme, à l’origine de tous les maux. Alors mon engagement s’est renforcé. Aujourd’hui le sujet est devenu grande cause nationale du quinquennat d’Emmanuel Macon. Edouard Philippe l’a annoncé ce mardi lors des universités du Medef, l’égalité entre les femmes et les hommes, dans les entreprises, devra être effective d’ici 3 ans. Forcement, cela motive !

Le BrandNewsBlog : Et sinon Laurence, quels autres grands rendez-vous dans les prochains mois pour COM’ENT ? Il y aura évidemment cette fin d’année la 32ème édition de vos Grands Prix de la communication, très suivis et reconnus dans nos métiers. Pouvez-vous en dire quelques mots ?

Laurence Beldowski : Les Grands Prix COM-ENT, bien sûr ! Rendez-vous au Cirque d’Hiver Bouglione le 22 novembre prochain… Ils sont devenus en quelques années LA soirée de référence de la communication : une dizaine d’associations partenaires, 5 médias, 1200 participant.e.s, plus de 250 candidat.e.s. Et la grande nouveauté depuis l’année dernière : « Les tendances de la communication », illustrées par les gagnants des prix : un condensé des projets les plus marquants, analysés pour vous inspirer pour vos prochaines campagnes, et un moment convivial pour étendre son réseau, en live !

Mais d’ici là, nous avons de nombreux rendez-vous : en plus de la sortie de « China UP ! : le guide de survie des pro de la com’ française en Chine », et du RDV pour les indépendant.e.s évoqué précédemment, nous aurons la rentrée des cafés digitaux, avec pour commencer le Design Thinking, une formation sur la data, le retour des apéros-prospective : « Demain n’est surtout pas la suite d’aujourd’hui » avec l’intervention de Philippe Cahen – prospectiviste, un petit déjeuner du réseau des dircoms sur le pouvoir de l’opinion… Et encore beaucoup de choses déjà programmées à retrouver sur notre agenda com-ent.fr/agenda/coming-soon)

Le BrandNewsBlog : Avant de compléter vos 5 bonnes résolutions / recommandations de rentrée ci-dessous, je sais que vous lisez aussi régulièrement le BrandNewsBlog. Un petit mot à ce sujet / un article qui vous aurait marqué ? :)

Laurence Beldowski : Tout d’abord, joyeux anniversaire au BrandNewsBlog ! Et un grand bravo et merci Hervé pour tous ces sujets passionnants que vous nous offrez chaque semaine.
Mon coup de cœur de ces dernières semaines, va à l’article pour la sortie de la dernière édition du Communicator, peut-être parce que moi aussi je suis fan de la bible de la communication ! Les visions croisées d’Assaël Adary et de Céline Mas, les co-auteurs, sont limpides. Tous deux nous offrent une expertise très globale avec beaucoup de prise de hauteur, et de justesse.

 

Crédits photos et illustrations : thecamp, The BrandNewsBlog 2018, X, DR

 

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